Pierre, qui est loin d’être un idiot,
Consulte souvent son papi,
Lui, auditeur de Fun Radio,
Et moi, de Radio Nostalgie.
C’est un élève de Seconde,
À lui de découvrir Montaigne
Ainsi que Raimond de Sebonde,
Et l’on conçoit bien qu’il le craigne !
Ce week-end, il doit Ă©tudier
« L’ingénu », conte de Voltaire,
Inutile de préciser
Qu’il ignore ce vocabulaire.
Il est question de « Jansénius »,
De « Salut », de « grâce efficace »,
Des « Anglicans », d’ « Augustinus »,
De tout ce laĂŻus, il se lasse !
Le professeur a demandé
De chercher dans le dictionnaire,
Tous les mots qui l’ont intrigué,
Trop c’est trop, il ne sait que faire !
« Tu devras faire très attention,
Peut-ĂŞtre, mĂŞme, prendre des notes,
Et pense bien que ces notions
Sont toutes inconnues de tes potes.
Mais ton prof a cent fois raison
Il faut que vous lisiez Voltaire :
La bastille fut sa prison,
Il s’exila en Angleterre !
Il fut éduqué par les Pères,
Toujours refusa d’obéir,
Il ne croyait qu’à la Raison,
Et refusait de se mentir. »
C’est la consternation
Dans le regard de Pierre,
Devant ces dix questions,
Je sens qu’il désespère !
J’ai failli oublier !
Ses dix doigts, sous la table,
Courent sur le clavier
Du téléphone portable.
Il a plusieurs amis,
Qui, sans arrêt, l’appellent :
« Demande à ton papi
Ce qu’est un « infidèle » !
Et , tout Ă mon insu,
Se poursuit le manège,
Moi, parfait ingénu,
Et sourd à ces arpèges.
Et, soudain, la révélation,
Une réponse sur le net
Ă€ toutes ces questions,
Pourquoi faut-il que l’on s’embête ?
Le prof ne s’est pas pris la tête,
Car on trouve tout sur la toile,
Faut-il poursuivre notre quĂŞte,
Et encore rechercher l’étoile ?
Pierre me dit : « Il faut continuer.
Sinon le prof sera vénère*,
D’avoir trente copié-collés,
Je veux écrire à ma manière ! »
*Argot contemporain : « énervé, en colère ».
Dumnac