Le cri du fou par-dessus le pont.
Le cri du fou par-dessus le pont.
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Les étoiles tombent en poussière, les comètes moussent,
Le ciel vibre, couleurs assourdissantes et chante au trottoir,
Et les poubelles lacustres, en scories, pullulent et poussent,
Pétaradantes aux artères, vases communicants ostentatoires.
Sortant des terres sombres, les habitants du marais, blafards,
Effritent et coulent au pont, tout le long des empires de pierres,
Leurs ombres épousent la toile du goudron remuant les cafards,
Combat de contours qui ballonnent les eaux primitives entières.
Quand les passants grimpent aux alcôves, lumières chatoyantes
Les filets de cailloux croissent, puis dévalent d'enfer aux ruelles,
Les flaques de terre remplissent en odeurs de crues chuintantes,
Les accents lourds, calfeutrent en catimini l'espoir en résiduelle.
Fuyant de loin ces augures, les mains plaquées aux oreilles,
Le fou part en criant, lissant un masque, désespoir hagard,
Pétaradantes les étoiles filantes suivent et sèment le réveil,
En enjambant le pont, le fou s'escrime et défit le hasard.
Ce fou qui crie, entre les dents, sur la route nue,
Fait vibrer à l'unisson les mauvais plis d'un avis,
Il annonce, en ange vengeur, la venue des pires déconvenues,
L'apocalypse d'un ciel bariolé et la douleur qui crève sa vie.
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illustration : Le cri de Evrard Munch. 1893.
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