Toute la boue du monde debout.
Toute la boue du monde debout.
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Traçant au sol comme une pyramide de poussière noire,
Dans ce grand terminus, ogres, ogresses nus mettent les voiles,
Effondrent des symphonies dantesques en reflets ivoire,
Balancent à la fange les bris de hanches vers les étoiles.
Les pieds aux cruches du diable, un monstre oiseau moqueur,
Engloutit et déglutit les damnés à son trône de deuil,
Les châtiments grotesques épousent bulle, stigmates vengeurs,
Incisent le rythme du gibet critique, à l'angle fardé de l'oeil.
Les instruments de musique, devenus pièges à torture,
Ecaillent les intrus et résonnent toute la fièvre de l'émoi,
L'enfer est musicien, la punition charnelle clos l'aventure,
L'épopée arrache à la vie tous ceux qui larmoient.
Effondrant les reflets, fermant la porte en tour d'ivoire,
L'empirique désespoir trace sa route vers les étoiles,
Le grotesque retire en grimoire la pointe des rimes noires,
La pyramide de l'enfer prend le cap et met les voiles.
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Illustration : le triptyque du Jardin des Délices (détail)
de Jérome Bosch. vers 1509.
(Cela fait plus de dix ans que je m'escrime à comprendre les triptyques -chariot de foin, jardin des délices-jardin des supplices- de Bosch, tout ce que je sais est que ces tableaux du XVI eme siècle comportent la clé pour la compréhension du réalisme, du naturalisme, du surréalisme, ldusymbolisme et autre cubisme ainsi que pour d'autres mouvements à venir.)
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