Dans la nuit feutrée
Des pas furtifs s’approchent
Puis prestement s’éloignent
Dans un chuchotement de voix.
Soudain un cri d’oiseau apeuré
Et un lourd battement d’ailes
Sortis d’un long sommeil
Traversent l’épaisseur du silence
Et parviennent jusqu’à nous
Dans un air plus pur et cristallin
D’extrême lucidité.
Un volet claque
Une porte grince
En rythmes syncopés
De plus en plus précipités
Comme ces craquements
Qui montent des cales
Des vieux navires rouillés
Surpris par la tempĂŞte.
Un vent nerveux se lève
Mord des tourbillons de poussière
S’empare des arbres esseulés
Qu’il parcourt d’un immense frisson
S’acharne sur les haies frileuses
Qu’il fauche sans merci
En vaines contorsions
Ternit les reflets des vieilles lunes
Accroupies dans les eaux glauques
Au pied d’une fontaine
Troublant de rides
Leur image grimaçante et falote.
Une fenĂŞtre se referme
D’énormes gouttes d’eau aveugles
Pianotent lourdement sur le toit
Et semblent longuement hésiter
A jouer leur symphonie inachevée
Un éclair blanc déchire la nuit
De son aveuglante clarté
A grand renfort de roulement de tambours
Sonnant la première charge avant l’averse.
La pluie tombe enfin comme une délivrance
Et demain le petit jour se lèvera
Dans les premières fraîcheurs de l'automne
Annonciatrices de l'hiver.
Palmito
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Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère des choses !
(Frederico GARCĂŤA LORCA)