A la mémoire des jeunes qui, poussés à partir chercher un ailleurs plus clément, meurent chaque jour dans un sinistre anonymat.
Quoi ! Plus de rêves à l’horizon
Plus de fougue, plus de remords,
Mais alors, c’est la mort
Ou la vie sans raison !
C’est la jeunesse qui se fane
Plus tôt que de saison,
Qui se meurt dans l’oubli
Jusqu’au bout de sa folie,
Pour des causes profanes
Au hasard des maquis,
Loin du soleil de la mère ;
Roide,
Sur le quai d’une gare
Froide
D’une ville inconnue ;
Ou pendue
Ne supportant plus
Toutes les déconvenues,
L’arrogant mépris
Et toutes les saloperies
Des nouveaux parvenus ;
Ou perdue
Dans son exil
Dans l’indifférence des villes
Démesurées, inhumaines,
Civilisées, européennes,
Et suintantes de haine ;
Ou noyée
Dans les flots de la mer,
Ou les chopes de bière
Sous les néons blafards
Des bars,
L’âme en ruine
Dans le brouillard
Et sous la bruine ;
Ou dupée
Par des dirigeants véreux
Aux promesses d’ivrogne
Et aux discours creux
De menteurs sans vergogne ;
Quoi ! Plus de rêves à l’horizon !
Plus de joie, plus de larmes !
Mais c’est la morne saison,
Mon pays qui se décharne
C’est la sève qui se meurt
Dans les cris et les pleurs
Et les anathèmes des mères.
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"C'est quand les hommes gardent le silence au moment où il leur faut parler, qu'ils deviennent des lâches." Abraham Lincoln (traduction approximative)