Tous les samedis matin
La fĂŞte bat son plein
Dans le salon d’honneur
De la grande mairie
Tous les samedis matin
C’est l’heure du bonheur
Qui défile à pas pressés
Sous les seins de Marianne
Symbole de la RĂ©publique
Reine des béatitudes conjugales
C’est l’heure du bonheur
Qui brille sous l’or éteint
Des grands lustres dorés
Mangés par la poussière
Sur une grande table Empire
En merisier massif
Gainée de cuir vert
A l’ombre d’une lampe Directoire
Posée là pour faire beau
Dans l’obscurité d’un si grand jour
On passe à l’acte tous les quarts d’heure
Pour des vies entières de bonheur
Après le « oui » tant attendu
Par l’assistance émue
Après les signatures malhabiles
A l’encre indélébile
Après l’échange des alliances
Prêtes à s’entrelacer
Sur leur plateau d’argent
Sous l’œil goguenard
De l’officier d’état civil
Ceint de son Ă©charpe tricolore
Et beau comme un drapeau !
Sous les regards de la famille
Pour la première fois réunie
Depuis la mort du vieux papi
Avec les tontons, les taties
Quelques tĂŞtes nouvelles
Et mĂŞme les cousins venus de loin
On passe à l’acte !
Palmito
(En souvenir de certains mariages célébrés
dans des mairies parisiennes, dont la mienne !)
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Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère des choses !
(Frederico GARCĂŤA LORCA)