Golgotha.
Golgotha.
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Golgoth, an 33, 15 heures 30,
Deux soldats alertes à la lance
En mission. Riches du denier trente,
Echellent un corps nu qui danse.
Le supplice du jour commence, tombe,
Dépositaires en croix, troncs renaissants,
Les paroles tournent, invectivant la ronde,
Lazzis, quolibets : L'opprobre reconnaissant.
L'exorcisme est allé jusqu'au bout,
L'anatomie vaincue : préhistoire du corps humain,
Les ossements, roches tactiles venant de partout,
L'épure de l'incarnation : l'apesanteur au creux de la main.
Une colombe ivre déchire les cieux,
L'après-midi s'obscurcit sur le drame,
Pendant que les suppliques montent vers dieu,
Le flanc se meurt, vidé, transpercé de la lame.
Sur le mont du crâne, tout se dénoue,
La couronne d'épines entraîne le chef,
Les protagonistes, le rose aux joues,
Se reconnaissent mère et fils, derechef.
Tout cela, au golgolth, mont du crâne, an trente et trois,
A partir de quinze heures trente, sous les cieux,
De quoi prendre, d'un seul coup, deux mille ans d'effroi :
Entendre une foule en délire qui voit mourir un dieu.
Illustration : Crucifixion de Boisgeloup, Picasso 1932.
différentes notes extraites du carnet Picasso.
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