PORTRAIT
Elle avait ce besoin-là . Celui d'être touchée. De sentir la chaleur sur sa peau, ou dans son dos. De sentir la caresse sur ses cheveux et de caresser à son tour. Elle cherchait le lien. Le lien, la corde qui l'unissait à ces deux êtres dont elle venait. Que de fois elle était entrée dans la cuisine, où sa mère s'affairait, bougonne, et avait frôlé son bras ou son corps dans l'espoir secret d'un regard, d'une gentillesse.
C'était plus fort qu'elle. Que de fois, elle avait attendu ce père aux mains rêches et calleuses et avait glissé sa tête contre sa manche. Comme si son âme la portait vers ces deux êtres difficiles, comme si elle tentait, envers et contre tout, d'allumer la flamme qui brillait en elle, de la garder allumée au milieu d'eux trois afin qu'ils la voient et qu'elle reçoive enfin un peu de la chaleur qu'elle imaginait en eux. Comme si son corps quémandeur connaissait ce point d'attache, comme s'il savait que ce point-là était le point d'amour, l'Unique, qui allait les réunir, les réchauffer...
Inlassablement, elle sentait...
Mais, la nuit, dans son lit, la frustration reprenait. Et trop souvent, les larmes coulaient, mouillant ses draps, dans un cri étouffé...
Anne Marie De May (2011)
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Charlie Chaplin