Quand survient tôt l'errance....
O toi grand voyageur qui vas de ton pas lent
Au sein de ce vallon où se cache la source
Procurant vie aux plantes,
Tu sembles rechercher cette heureuse ressource
Connaissant son effet, sans nul équivalent,
Sur les gorges brûlantes.
L’homme en quête d’essor s’échappe quelques fois
Du bruit assourdissant qu’il perçoit en ce monde
Où la foule se presse.
Cette fuite en solo d’une cause profonde
Lui permet d’isoler, sans rompre toutefois,
Le fil de la détresse.
Quand, au loin, l’horizon lui dessine un nuage
Il voit lors en ce signe un message du ciel
Qui lui dit sa colère.
Alors, se recueillant, il pense à ce doux miel
Que fabrique l’abeille assidue à l’ouvrage
Donc jamais en jachère.
Cet homme qui s’en va ressemble au solitaire
Qui cueille en la forêt des baies en abondance
Pour ses frugaux repas.
Mais il sait O combien, dans cette longue errance,
Que le bout du chemin le fera sociétaire
Des proscrits sans appâts.
Il est seul sur la sente et soumis au grand doute
Car il vient de penser à son triste foyer
Qui se meurt en son âtre.
Y a-t-il quelque part un seul être à choyer
Qui viendra le chercher tout au bout de la route
Pour qu’il puisse débattre.
Mais, là , en ce moment, c’est à l’ombre immobile
De ce chêne imposant qu’il se met à pleurer
De ses larmes salées.
Le rêve est carburant et permet d’espérer
Quand le cœur desséché se fait moins volubile
Sans humeurs emballées.
Alors le sablier qui voit passer le temps
Lui montre des vertus qui soudain lui reviennent
Pour envahir sa tête.
Il la prend dans ses mains, ses pensées se déchaînent
Et lui disent sans fard qu’il demeure à l’instant
Un penseur en conquête.
Et là , sans plus attendre, il se veut éternel
Pourfendeur des mutins qui minent l’atmosphère
Sans penser amitié.
Oh ! Dieux permettez donc qu’un élan salutaire
Pousse enfin à mourir sur son sol paternel
Cet être sans moitié.