Plume de platine Inscrit le: 13/5/2014 De: Envois: 2944 |
La Mort et le Paysan Prés de son champ, un paysan regardait sa future moisson Les blés chétifs n'auguraient que d'un avenir hasardeux. La Mort , passant par là , s'approcha de l'homme en haillons Puis devant sa détresse prit pitié du miséreux : -" Je vois que ton champ est misérable, paysan." -" Je vous reconnais, dit le paysan, vous êtes la Mort . Je vous ai vu au décès de mes parents, triste sort. Comment nourrir ma famille avec cette moisson , Quel avenir pour elle à la future saison ?" -" Je peux redonner , dit la Mort, à ton champ un air glorieux Mais pour ce miracle, il faut me payer à ma façon : On m'a dit que tu as des enfants, une fille et quatre garçons Donnes m'en un, demain ton avenir sera radieux." -" Donnez mes enfants à la Mort Vous me jetez un mauvais sort !" -" Parles en à ta femme, demain matin Viens avec l'enfant, oublie ton chagrin. Avec ce sacrifice viendra la richesse Finit les heures de détresse." Puis la Mort s'en alla, laissant le paysan comme un pauvre échalas.
Le paysan parla à sa femme du marché Quel enfant donner au sombre messager ? L'ainé aidait au champ La fille et le cadet étaient innocents. Finalement le choix se porta sur le troisième Un enfant pensif à l'air bohème. Au petit matin, le père le réveilla Puis à la Mort le donna. Comme promis la moisson fut magnifique Un an de richesses, tout était pléthorique.
La saison suivante fut celle des intempéries Pluies, orages, vents, inondations. Dans toutes les campagnes le même son Celui des pleurs, des larmes à l'infini. Le paysan ayant tout dépensé sans économie Revoyait le spectre de la misère se rapprocher de lui. Il appela la Mort, elle lui répondit : -" Tu m'appelles paysan, veux tu un autre marché ?" -" Je te donne demain un autre de mes fils Mais ne me laisse pas tomber dans le précipice." La Mort sourit : -" Soit demain matin je t'attends De tous les pays, ta moisson sera la plus florissante N'oublie pas ta part, ton enfant." Le lendemain matin , le marché fut conclu De tout le pays il sera le plus riche. Pour quelques louis, un enfant perdu Et une terre jamais en friche.
Trois saisons plus tard, le paysan devenu argenté Vit la Mort, vers lui, s'approcher. -" Bonjour paysan, heureux de te revoir Plein de richesse et en bonne santé." -" Laisse moi la Mort, je n'ai pas besoin de toi Tu peux t'en aller , va loin de moi." -" Malheureusement je viens ici pour affaire Dans mes bagages la Peste Noire. Je viens prendre ta femme et tes enfants. C'est la fin de leurs histoires, Voilà un travail déplaisant d'agir de la sorte sur des innocents." La Mort sourit puis va vers la maison. Revenu chez lui en courant Femme et enfants touchés pas la Peste Sont morts, pauvres innocents. -" La Mort, viens me chercher, je veux les rejoindre !" _" Je ne veux pas de toi, tu me dégoutes Pour l'éternité, je ne veux plus te rencontrer. N'aie pas peur, fini la Sombre Redoute."
Le paysan désespéré prit une corde Puis alla se pendre au gibet. Mais la Mort tient toujours promesse Le paysan ne put vaincre le sort. Pendu une semaine, hurlant sa détresse Ce fut un colporteur qui le libéra du gibet. Loin des hommes et de Dieu Il alla se perdre, loin, seul.
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