Le cauchemar de Robinson


Entre les bornes lointaines de sa trace laissée
Dans l’immensité du désert solitaire ;
Depuis des années l’homme sans l’homme se terre,
Sous les jours de soleil et de la pluie glacée.

Que de dangers il court dans le lieu sauvage,
Les soucis ne sont plus et s’envolent les envies ;
L’autre n’est plus là qui se heurte, qui l’outrage
Il n’a que lui pour s’occuper de lui : la vie.

Mais il se cogne à lui-même, contre lui-même,
Personne pour l’encombrer dans son esprit troublé ;
Il ressasse continuellement ce qu’il sème,
Sa belle liberté absolue le fait trembler

Il est cet homme nu dans l’extrême humanité,
Perdu dans les volutes de sa seule pensée ;
Il n’a pour lui que la pensée de la pensée,
Vide, évidée, égarée dans l’inanité.