Comme l'écume blanche au travers du bateau,
Dans le sillage au loin bientôt s'évanouit,
N'ayant pas plus existé qu'un rêve.
Je dois être mort dans ta pensée,
N'ayant pas plus pesé dans ton existence
Que ce petit éclat d'écume.
Une petite plaque blanche
Vite salie par l'oubli, vite effacée,
Perdue, dissoute dans l'océan de toutes ces choses
Que tu as vécues et oubliées sans remords
Comme on lit un journal et qu'on le jette
Quand il nous a livré ses secrets.
Une petite boule cotonneuse
Morte avant d'avoir pu grandir, comme un enfant
Qu'on martyrise et que l'on tue sans lui laisser
La moindre chance de devenir un homme.
Parce qu'au fond, on n'en voulait pas vraiment,
Parce qu'au fond, il était encombrant.
Un petit placard blafard sur l'eau,
Criblé de reflets glauques, comme un poisson gâté,
C'est mon coeur qui flotte, là, à l'abandon,
Mort d'avoir voulu aimer, voguant sur l'océan
De l'oubli, dans la poubelle de tes souvenirs,
Au milieu des immondices laissées par l'amour.
Mon âme aussi est du voyage, flottant comme un bois mort,
Rongée par l'eau âcre, allant vers sa dissolution.
Il le faut, penses tu, pour ton bonheur, pour ta paix:
Alors, je ne discute même pas. J'accepte la mort anonyme
Et l'oubli définitif, puisque ma vie est le prix demandé
Pour que tu puisses sourire encore.
Le 2 Avril 1991
J'ai survécu physiquement, mais une partie intérieure de moi est définitivement morte dans cette aventure, me laissant définitivement mutilé sur le plan des sentiments. Je n'ai plus jamais été le même après. Il n'a jamais lu et ne lira jamais ce texte. Il est parfois beaucoup plus difficile de vivre que de disparaître. J'étais obligé de continuer à vivre pour mes enfants, mais cela a été uniquement pour eux et pour ma mère qui était seule. En ces temps présents, tout vient me rappeler ces moments. On est loin de la gaieté du printemps, mais le soleil reviendra. J'ai toujours su l'attendre avec patience.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)