Ma France
Ma France
Cette France qui est mienne
Vers qui souvent mes pas reviennent
France superbe et pourtant familière
Qui se déhanche en frôlant nos frontières
La France de Verlaine celle d’Apollinaire
Elle s’appelle France
Comme un prénom de femme
France
Ma France à moi
Ma France parlant français
La langue altière qui est mienne
A nulle autre pareille
Et qui pour toujours me hante
Et chante
A mes oreilles
Mon français ma langue et mon langage
Ce par quoi je m’exprime et m’engage
Structurant mes pensées
Et formulant mes rêves
Qui met en forme mes idées
Les premiers de mes mots balbutiés
Aux méandres anciens de mon cerveau
Langue portant très haut
Les paroles de Sartre et de Napoléon
Langue en laquelle fut attribué mon nom
Elle m’est unique et précieuse
Cette langue précise et radieuse
Qui toujours redit un prénom de femme
France
Ma France à moi
Ma France des clochers des cathédrales
Où des noms oubliés sont gravés sur les dalles
Où les voûtes des nefs cèlent des souvenirs
Et les pierres des tours s’effritent se déchirent
Les murailles mises bas par les invasions
Epargnées des barbares rongées de pollution
Les villes les villages s’agenouillent encor
Autour d’anciens beffrois ou de vieux contreforts
Silhouettes qui dans la distance claire
Semblent légères et fières
Profane fascinée par ces arches sacrées
J’erre de Rouen à Metz et de Laon à Beauvais
Et des marches de Reims au seuil de Notre Dame
Les rois se font sacrer les empires se proclament
Tant d’autres sur le sol de la France
Qui porte ce prénom de femme
France
Ma France à moi
Ma France s’enracinant dans la Provence
Où s’arrête le temps où vibre le silence
Et les exhalaisons des fleurs
Dans la chaleur
Quand Cézanne toujours nous remet en mémoire
Des réfractions des éclats de lumière et de moire
Les multiples visions du Mont Sainte-Victoire
France des peintres des sculpteurs
Et France aussi des flashs des projecteurs
Qui scrutent les artistes et révèlent les stars
Dont le sourire s’allume éclatant dans le soir
Et dont le nom flamboie fumeux reflet ou phare
France au prénom pareil
A celui d’une femme
France
Ma France à moi
« Amours » p. 45, les Presses Littéraires à Saint-Estève
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