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Expéditeur Conversation
plumedoiseau
Envoyé le :  8/2/2014 16:29
Plume de platine
Inscrit le: 10/4/2013
De: Province de Liège
Envois: 2647
Au coeur de l'arbre
AU COEUR DE L'ARBRE


Il était une fois et il n'était pas... un trou niché au creux d'un arbre,un trou que personne ne voyait, et bien sûr, où personne n'était jamais allé. C'était un endroit, vraiment, oui,que personne ne connaissait. Et on ne savait même pas qu'il existait.

Pourtant, ce trou, tout à coup, se mit à se faire entendre, presque à parler ! C'est ainsi qu'on le découvrit. S'il s'était tu, comment aurait-on su qu'il était là ? Tout le monde, jusqu'à ce jour, s'imaginait que l'arbre était un arbre fort, fait de bois et de sève, et puis de feuilles, puisque lorsqu'on coupe dans le tronc de l'arbre, c'est ce qu'on voit. Mais du jour où un drôle de bruit résonna de ce tronc, tout qui le rencontra s'arrêta, frappé de stupeur. Les gens tournèrent autour de lui. On ne vit rien. Ils crurent qu'un magicien était passé par là, ou que de drôles d'ondes arrivaient de je ne sais quelle planète afin de communiquer quelque message secret.

Une femme, cependant, décida d'en avoir le cœur net. Elle s'installa dans une tente, tout près de l'arbre pour l'écouter, l'entendre, et peut-être, qui sait, connaître cet endroit qui pleurait, ou chantait, lui semblait-il.

Tout d'abord, elle continua d'être à l'écoute de ce bruit, qui murmurait, gémissait ou grondait. Elle se mit contre l'arbre, le caressa, et un soir, y grimpa. Elle se coucha en travers de ses branches et sentit le haut du tronc de ses mains douces et attentives. Et tout à coup, dans ce soir où la nuit tombait, un de ses doigts fut attiré dans un tunnel. Elle voulut le retirer, mais une toute petite voix souffla : « Tu dois me rejoindre ici, je t'attends ». « Comment veux-tu que je te rejoigne, dit-elle, je suis bien trop grande ». - Ce n'est rien. Bois le liquide doré que tu vois là, qui s'écoule par cette fente. Alors, tu deviendras aussi petite qu'une coccinelle et tu seras capable de te faufiler où tu voudras ».

Ainsi fut fait ! Car, malgré se crainte, cette femme sentait qu'il lui fallait consentir.

Lors donc, après avoir bu de ce liquide doré, elle devint de plus en plus minuscule, et où son doigt était entré, elle entra toute entière.

C'était un long trou noir. Ses yeux avaient du mal à s'habituer à cette obscurité, et elle ne pouvait que sentir les aspérités auxquelles elle se heurtait. Elle rencontrait des nœuds. Et bien qu'elle fût devenue petite et capable de se faufiler, elle restait incapable de voler. Il lui fallait longer ces nœuds et tenter d'y trouver un passage. Longtemps, elle y resta comme angoissée et ne sachant que faire. C'est qu'ils étaient durs et semblaient faits de branches soudées. Alors, la tristesse – ou le désespoir – s'empara d'elle et elle versa une larme sur l'un d'eux et ... il se dénoua, comme libéré.

Elle alla de l'un à l'autre, tout le long de sa descente, s'attarda auprès de chacun et pleura. On eût dit que les nœuds avaient besoin de son eau pour s'attendrir, car petit à petit, leurs liens se défirent comme par magie. Et l'éclat de ses larmes mit un peu de lumière dans ce tunnel et elle vit alors que les nœuds libérés s'étaient transformés en une haie bienfaisante pour la laisser passer et ... l'honorer. Elle les remercia de leur attention et continua de descendre. Ce fut alors une rivière, aussi large que haute qui lui barra le passage. Car de son point de vue de coccinelle, tout lui paraissait gigantesque ! Elle s'arrêta, à nouveau désemparée, découragée de voir tant d'obstacles sur son chemin. Que faire devant tant d'eau ! Pour elle, c'était comme un océan ! Elle s'assit en silence et laissa le temps s'écouler, ainsi que la rivière devant elle. Elle coulait, comme elle, et se mit à l'entendre. Alors, elle fut tout le flot de douceur où s'enfonçaient ses doigts. Elle fut tout le flot de ses peurs, angoissée par le fond, elle fut tout le flot des chimères emportées par les vagues. Elle fut tout le désir que l'eau charriait sur sa mouvance. Elle fut la mer immense, et sa vie et son joug, et puis, sa solitude.

Et la rivière ainsi comprise s'ouvrit et lui laissa un chemin sec.

Elle était là, presque sortie de l'onde, avec ses cheveux d'or et son corps doux et si petite... lorsqu'un nain sept fois plus grand qu'elle s'avança.

« Je suis celui qui vit au bout de ce tunnel depuis bien des années. Des circonstances étranges m'y ont mené. Je voudrais, puisque votre patience et votre courage vous ont conduite jusqu'à moi, vous montrer le lieu que j'occupe. Il vous semblera peut-être hors du temps et sauvage ».

A la fois surprise et ravie de voir un être même nain, lui parler de la sorte, elle fut à ses côtés et le remercia de son accueil. Elle l'assura du plaisir qu'elle éprouverait à visiter le lieu dont il lui parlait, et ainsi, le nain sept fois plus grand qu'elle et elle, la femme coccinelle aux cheveux dorés et au corps doux virent que le temps de la rencontre était venu. Et celui du partage. Côte à côte, ils s'avancèrent. Il la guidait vers l'endroit qu'il habitait. Petit à petit, un faisceau lumineux marqua le sol et un feuillage de lierre dessinait une entrée, qu'un arc roman arrondissait. Et là, dans l'antre de l'arbre, cet endroit que personne ne connaissait se montra aux yeux de la femme qui avait accepté de prendre la taille d'une coccinelle pour y descendre. C'était une pièce en forme d’œuf et l'on pouvait y circuler de haut en bas ou de gauche à droite tout en tournant. Seule l'ouverture en arc roman donnait accès vers le tunnel. Il n'y avait donc pas de fenêtres ni de plafond. Ni d'armoire, ni de lit.
Mais un feu semblait brûler et éclairer ce lieu circulaire. Ce feu était au centre et ne posait sur rien. L'endroit était couvert de mousse, de feuilles, d'herbes et de branchages. Un filet d'eau nervurait la surface. Quelques fruits secs s'étalaient ci et là, sans qu'on sache d'où ils venaient.

Alors le nain sept fois plus grand qu'elle lui offrit une coupe dans laquelle elle put boire un liquide inconnu et exquis. Et sa taille s'agrandit jusqu'à devenir presque aussi grande que celle de son hôte. Ainsi, elle l'égalait et il pouvait la voir vraiment. Et tandis qu'elle le remerciait de cette attention et qu'il buvait à son tour, dans la même coupe, un chant d'oiseau s'étira, s'allongea et fit frémir le lieu. Et le silence qui suivit était une invitation à laquelle le nain répondit. Le charme de sa voix chaude emplit le creux de l'arbre. Et cette voix se mit à conter, à travers les notes graves ou effilées, l'histoire de sa vie. Une histoire que je ne raconterai pas. Parce qu'il ne l'a pas racontée avec des mots, mais avec son cœur et sa solitude et sa douceur et sa chaleur, avec des sons que la Vie, la grande Vie, lui avait donnés pour qu'il puisse les sortir de lui en chant d'amour, en chant sauvage, pour celle qui s'était arrêtée, était entrée dans l'attention, et l'avait rencontré, lui, l'Homme Sauvage, prisonnier d'un trou d'arbre.

Et lorsqu'il se tut enfin, le chant de la Femme naquit, dans un allegro intense.

Et l'on raconte que leurs chants s'épousèrent et que l’œuf qui les enfermait s'ouvrit pour les laisser venir au jour et les laisser grandir. C'est ainsi que depuis lors, l'arbre n'est plus seul, car son tronc s'est partagé à l'endroit que l'on sait. Il est devenu homme et femme....


Anne DE MAY (1998?)


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http://poesieetsculpture.jimdo.com/

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