Plume de soie Inscrit le: 17/1/2014 De: Envois: 53 |
nos si doux parents(pour koko) Je médite longuement et je baisse les yeux, Je n’ose pas me murmurer cet adieu, L’hymne macabre en écho s’entonne en chœur, Le train de mes nuits s’est arrêté dans ma vie, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Ce couple de si vieux personnages, Dans leur théâtre, leur vie, je ne garde qu’une vielle image, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Des instants fugaces,je ne sais combien d’ans, Nous eûmes tous nos parents, Qui de nous par maladresse, oublia notre union, A nos pères, à nos mères cette vie nous la leur devons, Souvenez-vous en des hivers durant, les grandes froideurs, Ils nous veillèrent d’interminables heures, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Dans de vielles maisons, des hameaux d’antan, Nous crûmes aux luxes, leur amour nous berçant, Nous rions souvent et parfois pleurions, De nos bêtises ou nos grandes prouesses, Nos faits de classe ou nos éclats de réussite trépidant, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Ils nous donnèrent leur liberté qu’insouciants nous grignotions, Ils nous élevèrent dans cette sagesse que nous ignorions, Pourtant leur silence n’était pas plus qu’amour et passion, Seuls et face à nos candides visages, Souvent à la lueur de l’âtre, Quand le vent jouait une symphonie noirâtre, Ils s’ingéniaient heureux à rêver à nos futurs présages, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Nos pères, nos mères nos tendres parents, Haletant dans le froid, suffocant aux feux de la chaleur, Des gelures de leurs mains, de leurs fronts qui transpirent, Ils nous donnent ce bout de pain, si chèrement acquis, Pour calmer notre faim, nos petit cris de gamins, Dans nos souvenirs, ils n’ont jamais vieilli, Face à notre devenir, de mémoire, ils n’ont jamais fléchi, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Eux ces paisibles vieux très souvent tolérants, Nous punissant tendrement, ils redevenaient toujours câlinant, Et quand nous partions dans des compagnes, errants, Nous cherchions l’aventure, les espaces inconnus, Eux veillaient sur notre avenir toujours souciant, Nous cherchaient le bonheur, au retour leurs bras tendus, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Nous à leur coté, nous égrenions nos plus fous moments, Nous ne sûmes ce vide qu’une fois partis, Comme d’averses livides nos larmes restaient infinies, Et quand nous sombrions dans nos folies de jeunesse, Impatients, ils attendaient le passage de notre adolescente ivresse, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Leurs gestes augustes dans la pauvreté de leur vie, Les mains souvent vide, les poches décousues, Et pourtant nous vécûmes de leur tribut, Que de pains blancs avons-nous caressés, De si bonnes soupes chaudes si bien servies, Avions-nous songé d’où venaient tant de richesses, Mais nous dans notre malice, ces sœurs et frères tous complices, Des joies de l’insouciance, nous vivions cette liesse, Buvions, habillions, mangions dans notre paresse, Vénérions, aimions ces vénérables altesses, Des royalties à la sueur de leurs fronts, A la questions qui de nos parents avait un ascendant, Des petites peurs ou des cris stridents, Nous les suivions du matin à la tombée de la nuit, Sans savoir qui le plus nous aimions, De la tendresse câline d’une mère, Pareille à la vastitude d’une grande mer, Où la sagesse patriarche d’un guide spirituel d’un père, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Ces humbles personnes qui nous tînmes tant de promesses, Aujourd’hui qu’ils ne sont plus là , Tant de souvenirs d’eux encore nous caressent, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Ces anges luisants, nos parents, ces maîtres de notre temps, Combien de temps avaient-ils veillé nos nuits, Nous berçants de leurs contes incroyables, parfois risibles, Nous serrions nos poings dormions paisibles, Sans savoir que nous cassions de leur vie un grand ennui, Ils ont vécu la longueur de leur temps, Nous les regardions nous quitter, Sans pouvoir les retenir, ni les supplier, Sur leurs doux visages se dessinant en auréole un dernier sourire, Avant de se mouvoir vers l’ailleurs rendant leur ultime soupir, Et malgré nos larmes ou nos cris de douleurs, Nous les avions tous accompagnés à leurs dernières demeures.
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