Les Rides des textes poétiques


On m’a offert des livres sans grand discernement
Le choix n’en fut pas bon et sans enchantement
J’ai du cesser de lire un fade papotage
Avant d’avoir atteint la cinquantième page
Suis-je sot ? C’est possible ! Ou les ans s’écoulant
Je ne supporte plus l'écrit déméritant.
Un texte se targuant de l’esprit poétique
M’a laissé à son art tout a fait hermétique
Préférant les anciens dont la beauté rassure
J’ai écrit quelques lignes sur ma déconfiture.


Juger la qualité est-ce orgueil excessif ?


Est-ce l’âge venant ou un trop d’exigence
Le présent s’appauvrit en sonore présence.
La rime tinte moins, la musique s’efface
La poésie se plaint, la prose la menace.

Certains qui écrivaient de petits riens charmants
Font pourtant des progrès, deviennent séduisants,
D’autres jettent aux mots des idées saugrenues
Cherchant hors du talent quelques déconvenues.

Si par un grand malheur on supprimait la rime
C’est qu’elle ne saurait plus élever à la cime
Les sentiments humains ayant de l’élégance
Et perdrait du langage une saine prestance.

Pourtant de tous sujets on peut parler sans cesse
De l’âme, de l’esprit et même de la fesse,
Le rimeur avisé en choisissant ses mots
Fait que la poésie évitera les sots.

Ceux qui de jolis vers ou de belles images
Font aux lignes du jour de délicats hommages
Ceux qui du fond du cœur la langue poétise
Obtiendront-ils de tous, la préférence exquise.

Evitons tout ouvrage travail d’intérimaire
Encensé de partout mais en langue ordinaire
Que la publicité agite en devanture
Reléguant à l’arrière la vraie littérature.

Sur des écrits banals cessons de nous ruer
Ainsi la poésie cessera de suer
Et sachons conserver tout encouragement
Pour les plumes trempées dans l’encre du talent.

Admettons les combats de style pamphlétaire
Où l’agressivité a la rime exemplaire
Mais dédaignons le fat qui s’auto-gargarise
Avec les mots trempés au fiel de la bêtise.

Il faut rendre à la rime et à la poésie
La place qu’elle eut jadis dans l’art et l’harmonie
Écumer cette boue inutile, abondante,
Qui fait que la lecture en devient ennuyante.

Si vous vivez le cœur jouant juste musique
Vous garderez en vous la fibre poétique
Et si vous détestez le médiocre excessif
Évitez les fadaises et leur jeu agressif.

Maintes beautés naquirent d’une saine concorde
Il n’est de bel effet venant de la discorde
Aimez la saine plume et le plaisant vélin
Vous maintiendrez votre art sur son noble chemin.


Néo-Olucinep IX 01 MMXIV