Stick d’alerte,
Debout accrochez !
L’ordre du largueur claque, sec et libérateur
L’angoisse de l’attente, s’estompe en une seconde
Les gestes, cent fois répétés, effectués sans hésitation
En position !
Depuis le joli mois de Mai, la Grande ĂŽle est en Ă©bullition
Chaque évènement prend des allures de conspiration
Dans une atmosphère rendue lourde, par l’absence réelle d’information
On intervient, on n’intervient pas ?
En ce matin de Septembre, un ordre inattendu arrive Ă la compagnie
Constitution d’un « Stick d’alerte » avec un tireur
La mission est de localiser un avion de tourisme porté disparu
Et de secourir ses occupants.
Les mains à l’extérieur de chaque côté de l’ouverture
Les pouces rentrés dans les paumes, pour éviter de me les retourner
Les muscles tendus, Je suis prĂŞt Ă bondir le plus loin possible
Pour ne pas percuter la carlingue Ă la sortie.
Mes qualités de tireur, me valent d’être désigné par mon lieut….
Avec un sergent, un caporal et quatre autres paras, dont un infirmier
Perception du matériel, flambant neuf, on a même droit aux poignards commando
Qui ne sortent jamais de l’armurerie.
En fin de matinée, les choses s’accélèrent, un broussard de l’armée de l’air
A repéré l’avion crashé dans un marigot, en pleine forêt primaire
Deux passagers, un homme et une femme sont visibles, perchés sur le fuselage
Le pilote, semble coincé sur son siège, en partie immergé dans l’eau boueuse.
Comme convenu, lors du briefing, je vais sauter le premier pour sécuriser la dz improvisée
Dans la poche de pantalon je sens les deux chargeurs dans leur sac entoilé et cousus
Source de plaisanterie, Ă chaque fois que nous avons le droit Ă cette dotation
D’ici que l’autorisation du ministre arrive, pour découdre le sac !
La lumière rouge s’allume, le largueur fixe la seconde ampoule, il est tendu
Ce saut n’est pas habituel, trop d’inconnus, la dérive, le sol, les arbres, la flotte
Je maudis ces conn…. de civils, j’ai la trouille, j’ai …..,plus le temps, lumière verte
Go !
L’épave est plantée au beau milieu du marigot, quelques troncs d’arbres morts
Couchés et en partie immergés l’entourent.
Sur le fuselage, la femme fait des grands signes au pilote du Nord
Tandis que son compagnon, semble indiquer les troncs d’arbre ?
Je gicle de l’appareil, après le bruit infernal des moteurs, le silence
Tout va très vite, choc à l’ouverture, vérif de la voilure
Je largue ma gaine à fusil, qui se balance au bout de ses six mètres de drisse
Le vent m’entraîne vers l’épave, au beau milieu du marigot.
J’ai beau tractionner dans tous les sens, j’y vais tout droit au bouillon
Et les troncs d’arbre ! Ils bougent ! C’est quoi ce cirque ?
Je m’approche de la flotte, ça va pas j’suis pas qualifié pour les sauts marins
Et les arbres ! Merd…., dé.., dé.., des crocos !
La peur, me rend intelligent, j’empoigne un groupe de suspends et j’effectue une glissade
Vers la berge la plus proche, oh ! terre chérie, je me vautre dans la gadoue
M’en fous, en un éclair je dégrafe tout le matos, ventral, harnais
Tout en m’éloignant du bouillon de culture, je récupère à la hâte mon arme bien aimée.
De plus en plus intelligent, les crocos çà grimpent pas aux arbres ! Moi si, et rapidos
Pas le temps d’appeler le ministre, de toute façon je n’ai pas son numéro
J’arrache le sac en toile et récupère les deux chargeurs, j’ fait quoi maintenant
Dans la précipitation, sans le vouloir j’ai fait un choix stratégique de premier ordre.
Mon refuge, devient une position de tir idéale, je surplombe le marigot
A une vingtaine de mètres, les trois sauriens attirés par le sandwich volant
Qui semblait leur être promis, se sont éloignés de l’épave en rang serré
Grave erreur sales bĂŞtes !
Bien à l’abri sur mon perchoir, je retrouve mes réflexes de tireur d’élite
Par trois fois, le 49 56, tressaute au creux de mon Ă©paule
Trois Ă©clairs, trois larmes de crocodile, un gros brouillement
L’eau rougie, les trois bestioles gisent sur le dos, quelques grammes de plomb dans l’œil !
A Jehan, en remerciement de l’attention que vous portez à mes essais d’écriture.
Amitiés Alain
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D'une succession de mots naissent des phrases qui font des histoires de tout et de rien....
"Alain"