Les châteaux de sable
Quelque part, au milieu des eaux transparentes de la mer Egée,
Une petite plage de galets, agrémentée de quelques langues de sable fin.
Isolée, au bout de la grève, une simple maison de pêcheur.
Sur le côté de la bâtisse, appuyée contre la falaise qui la surplombe,
Un jardinet, où lauriers et hibiscus multicolores se disputent l’espace,
A l’ombre d’un bougainvillier à l’apogée de sa force, qui jette ses plus hautes branches
Sur les ardoises, les tapissant de ses corolles rouges.
Devant la façade, trône une vigne dont les feuilles abritent de grosses grappes de raisin noir.
A l’ombre de la tonnelle, assise sur une pierre plate adossée au mur, près de l’entrée.
Une femme sans âge, le visage parcheminé par les années, les cheveux ceints d’un foulard,
Ravaude un vêtement d’homme, déjà usé jusqu’à la corde.
Son regard empli de douceur et de bonté, surveille un petit garçon entièrement nu
A l’exception d’un large chapeau de paille, qui protège des ardeurs du soleil déjà haut
Ses mèches bouclées, longues jusqu’au épaules, sur l’un de ses avants bras
Presque invisible sous le teint mat, une petite tache de naissance.
En contrebas de la maison, au niveau du miroir naturel, sur lequel flotte, amarrée,
Une barque blanche et bleue, remplie de filets, le garçonnet avec une détermination
De bâtisseur de cathédrales, décide d’élever un château de sable.
La matinée durant, il s’évertue à creuser, tasser, décorer de coquillages le monticule de sable,
Qu’il parvient avec toute la maladresse de ses gestes de petit enfant, à transformer en refuge
De princesse de conte de fée.
Venue l’heure du repas, la plage sous les attaques des rayons du soleil arrivé à son zénith
S’endort tranquillement, ses galets brûlants rendant impossible toute incursion.
Décrétant la fin de la sieste, la boule de feu, amorce son arabesque déclinante, la température redevient supportable, d’autant qu’une brise légère se lève, rafraîchissant l’atmosphère.
D’un pas quelque peu chancelant, les yeux encore chargés de sommeil,
L’architecte en herbe, se dirige vers son chantier qu’il entend bien terminer avant la fin de la journée.
A genou, secoué de sanglots silencieux, deux grosses larmes coulent sur les joues de l’enfant
Une lame transparente est venue conquérir l’édifice, l’emportant dans son ressac.
Tout à son désespoir, le petit bonhomme voit venir à lui sa gouvernante
La vieille femme, sors des plis de sa robe, un joli coquillage rose qu’elle pose dans la main du bambin et lui dit doucement :
- sèche tes larmes et cache ce coquillage dans le sable, tous les matins tu trouveras à cet endroit un nouveau château !
Venue l’heure du soleil couchant, sous la caresse du pinceau et le talent de l’impressionniste, la masure s’embrase dans une explosion de couleurs flamboyantes.
Au petit matin, l’enfant émerveillé découvre un superbe château aux tours crénelées.
Tout le temps des vacances, le miracle se renouvelle à chaque réveil, un château différent
Remplace celui de la veille, emporté par la vague conquérante.
Quelque part, au milieu des eaux transparentes de la mer Egée, une barque blanche et bleue se balance doucement au gré des flots, le pêcheur jette par-dessus bord ses filets, sur le plancher de l’embarcation roule un seau, maculé de sable encore frais.
Bien des années ont passées, isolée au bout de la grève, les ruines d’une maison de pêcheur
Croulent sous l’églantine et le chardon, un bougainvillier sans âge, recherche de ses branches devenues stériles, les lauriers et hibiscus, compagnons de sa jeunesse.
Au milieu des vieilles pierres, sous une treille maigrelette porteuse de grappillons sans force,
Quelques lézards se livrent à d’interminables parties de cache cache.
En contrebas au niveau du miroir naturel, échouée sur les galets, la carcasse d’une vieille barque, son bois vermoulu porte encore de ci de là quelques traces de peinture blanche et bleue. Un homme, arrivé à l’automne de sa vie, le cheveu rare contemple le regard embué, les ravages du temps, deux grosses larmes coulent sur ses joues, mangées par une barbe déjà blanchissante.
Sur l’un de ses avants bras, presque invisible sous le teint mat, une petite tache de naissance !
Kernanet
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D'une succession de mots naissent des phrases qui font des histoires de tout et de rien....
"Alain" 
