DON D'ARRIÈRE-SAISON
La sève tonitruante gonfle les parois de l’écorce,
Dès le début du printemps, dans sa transe de vie,
Les branches de l’arbre se raidissent pour l’amorce,
Elles germent, feuillent et fleurissent… Ô l’envie !
Le soleil et le vent de l’été ramollissent les fruits,
Leur baie s’épaissit et se gorge de parfums juteux,
Calibre et dorure sont un miracle naturel, non fortuit
Et la saveur s’imprègne au fond de leur cœur laiteux.
C’est ainsi que l’arbre fruitier remonte sur le trône
De la beauté magnanime soufflée du halo de la brume,
Et fier de ses reliefs originaux, sans fard, ni silicone,
Alors, mûr, il se livre, et la tentation de chair s’allume.
L’inclinaison de la lueur et de l’ombre, doux sobriquet,
Qui affuble l’automne timide, aux couleurs fauves flétries,
L’ardeur ignée cède le couloir spacieux à un air frisquet,
Et sous la robe rouille, on voit les perles, de miel pétries.
C’est l’arrière saison ; l’effluve de musc drape l’arbre nu,
Celui-ci se gêne à palper ses petits fruits tendres qu’il replie
Mais, en croyant tout avoir perdu, le meilleur est maintenu,
Car le vrai nectar est au fond du récipient, concentré dans la lie…