Citation :
Lochaber a écrit :
Avril 15, Eparges,
le poilu, du trou d'obus---,
« Oui , Elle m'attend !… Hein !? »
La Faucheuse ou l'Amie,
d'Elles deux biffin est l'amant
Bonjour Lochaber
Que de "voiles" déchirés derrière cette concision!
Amicalement
Nat
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PS :
Deux poèmes réalistes de Siegfried SASSOON : (1886-1967).
Un poète anglais qui a vécu cette boucherie qu'a été cette guerre, en France, dans les tranchées.
Poèmes pris dans un recueil que je possède.
1-CONTRE-ATTAQUE
Depuis des heures nous avions atteint le premier objectif
Quand l’aube pointait, telle un visage dont les yeux cillent,
Blafard, hérissé et rogue, aveuglé de fumée.
D’abord tout semblait aller bien, nous tenions leur ligne,
Les sapeurs à leur poste, les Lewis en place,
Et le cliquetis des pelles creusant plus profond la tranchée.
La mort avait pourri l’endroit ; des jambes vertes, gauches,
Balancées en l’air, étalées, jetées le long des sapes,
Et des bustes basculés dans la boue qui aspire,
Ballottés comme des sacs à sable piétinés, mal remplis,
Et des culs à l’air, trempés, des cheveux emmêlés,
Des têtes gonflées, avec des caillots, englués dans la vase.
Puis vint la pluie! La bonne vieille pluie!
Un soldat bâillait, à genoux contre le remblai,
Secouant le matin voilé de brouillard.
Il demandait quand les Allemands s’y mettraient.
Et bien sûr, ils y sont allés au quatre vingt quinze,
Qui fauchait, sûr comme le destin, sans un raté.
Muet dans le fracas des obus, il voyait éclater,
Soufflant la terre noire et les barbelés dans les bourrasques d’enfer,
Et les postures de géants s’envolaient en lambeaux de fumée.
Il se cachait, se dérobait, dans le vertige sans frein de la peur,
Mourant de fuir, haïssant l’horreur étranglée
Et les gestes de boucherie frénétique des morts.
Un officier descendit la tranchée à tâtons ;
« Debout, en première ligne ! » Il continua…
Haletant et gueulant, « Première ligne…contre-attaque ! »
Puis la brume se leva. Bombardement sur la droite
Vers la vieille sape; mitrailleuses à gauche;
Et devant surgirent des formes floues, trébuchantes.
"Mon dieu! Ils nous viennent dessus!" Les balles claquaient,
Il se souvint de son fusil...Feu nourri...
Et il s'y mit, enragé, sauvage...
Puis un bang le ratatina et le roula de côté,
L'envoya d'un coup gémir et se tortiller.
Personne pour l'aider. Il étouffait
Et se défendait des battements d'aile écrasants des ténèbres.
Perdu dans le fouillis confus des cris et des pleurs...
Bas, et plus bas, et plus bas, il s'enfonça et coula,
Saignant à mort.
La contre-attaque avait échoué.
2-RÊVEURS
Les soldats sont des citoyens du pays gris de la mort,
N'attendant nul profit du temps de demain.
Ils sont là , à la grande heure du destin.
Chacun ses querelles, ses envies, ses tracas.
Ils sont voués à l'action. Qu'ils gagnent
Au prix de la vie, l'apogée, ardente, fatale.
Les soldats sont des rêveurs. Quand les fusils s'y mettent,
Ils songent, feu dans l'âtre, épouses et lits propres.
Je les vois, bouffés par des rats, dans des trous immondes,
Dans les tranchées éboulées, fouettés de pluie,
Rêvant de ce qu'ils faisaient avec battes et balles.
Et d'eux, se fiche la vaine attente de revoir
Les jours fériés, les soirs de ciné, les guêtres,
Et par le train, le chemin du bureau.
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Les haillons de l’amour ne se reprisent pas .
Nataraja.