Le Mariage au Sortilège. (nouvelle brève)


Un caillou atteignit le chat noir entre les oreilles. Il n’avait pas été jeté méchamment, mais avec juste assez de force pour faire fuir l’animal qui regardait depuis au moins dix minutes Édouard et Éliane assis sur un banc du parc municipal.

Les deux amoureux parlaient des dernières dispositions de leur mariage qui allait avoir lieu le samedi d’après. Bien évidemment leur conversation était entrecoupée de tendres baisers et ils n’avaient rien à faire de ce chat comme témoin immobile.

Éliane dit à Édouard , je crois bien que c’est Noir-zébuth le chat de la vielle Mathilde, la sorcière ; j’espère qu’elle ne t’a pas vu car son chat c’est tout pour elle.

Mathilde n’était pas vraiment redoutable, mais cartomancienne, guérisseuse, jeteuse de sorts et sourcière à ses moment perdus. On la craignait dans le village. Certaines vengeances bizarres s’étant exercées sur ceux qui se moquaient d’elle ou de son chat. On le reconnaissait facilement car bien que noir il avait un peu de blanc au bout de la queue et une oreille déchiquetée par un ancien combat.

Je rencontrai Édouard le lendemain de son mariage, en fin de matinée, au café-tabac de la mairie, il venait chercher des cigarettes. M’étant levé tard, j’étais devant un café-croissant ; je le félicitais et lui exprimais mes vœux de bonheur mais la conversation fut brève ; manifestement il n’avait pas très envie de parler et ne semblait pas particulièrement réjoui pour un jeune marié.

Je fus étonné de son attitude plutôt froide car nous avions eu l’occasion de travailler ensemble pendant quelques temps et nous nous entendions bien.

Je le rencontrais six semaines après au moment de mes vacances et je vis tout de suite qu’il allait bien, qu’il était heureux et son accueil très fraternel me fit chaud au cœur.
Toujours au café-tabac de la mairie, point de rencontre de nos jeunes années, nous nous sommes assis devant deux blanc-cassis.

Édouard commença alors un récit étonnant qui me fit comprendre son comportement au lendemain de ses noces.

Le vendredi, veille de la cérémonie, alors qu’il sortait de chez le fleuriste, il rencontra Mathilde qui passait enveloppée de son grand manteau brun , son chat sur son bras replié. Bien qu’il fit tout pour l’éviter elle se campa face à lui releva la tête et ses yeux verts fixés dans ceux d’Édouard elle lui dit. :
Noir-Zébuth m’a tout raconté ; « qui n’aime pas les bêtes n’aime pas les gens , le temps sec te punira » dit Mathilde d’une voix étrange.

Le temps était au beau, il ne plut que trois jour après le samedi du mariage, pendant la nuit.

Tu ne le croiras peut-être pas me dit Edouard, mais la nuit de noce, les nuits suivantes jusqu’à celle du mardi au mercredi, j’ai été incapable de faire quoi que ce soit. J’étais complètement impuissant.

Tout redevint normal dans la nuit du mardi au mercredi , le temps n’était plus sec !

Qu’en a pensé ta jeune épouse répondis-je ?

Nous n’avions pas attendu le mariage pour nous connaitre, heureusement, elle savait que je n’étais pas incapable et je lui expliquai ma rencontre avec Mathilde le vendredi.
Son fou-rire me vexa un peu, elle croyait aux pouvoirs de la sorcière
et elle me répondit : tu as eu de la chance elle était de bonne humeur ! Cela aurait pu être pire !

Quand nous sommes sortis du café, nous avons rencontré Noir-Zébuth qui rasait les murs en remontant vers la mairie.

Vous ne le croirez peut-être pas, il m’a semblé qu’il ricanait en regardant Édouard !




Néo-Olucinep XXI 09 MMXIII

une très très belle lecture
bravo
yohann

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la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur ,
qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur ,
yohann

Très sympathique histoire contée avec beaucoup de dextérité.

Adn

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