Plume d'or Inscrit le: 17/6/2013 De: Envois: 1524 |
"Et la mer efface sur le sable"..... "ET LA MER EFFACE SUR LE SABLE" …………….
Elle est là , c'est à croire que Claire est là depuis toujours ! Elle regarde la mer ! Mais que voit-elle, qu'attend-elle devant cette immensité ? Est-ce qu'elle pense seulement ? Ses yeux tristes, inexpressifs, ont cependant une intensité, un regard qu'on ne peut oublier ! Elle a mal à l'âme. Elle ne sait pas décrire ce mal qui la ronge intérieurement et qui l'empêche de vivre. Elle a mal, c'est tout ….. Mal d'amour, mal de vivre, mal tout court ? Qui va pouvoir la soustraire à la pesanteur de cet univers d'angoisse ? Qui va pouvoir la délivrer ? C'est si lourd à porter une angoisse !
Tout d'abord, sans y être invitée, elle s'insinue discrètement, sans bruit, sans excès, comme une intruse. Elle entre par effraction dans ce temple fragile de l'âme. Elle s'y love confortablement et installée, elle attend ……………. Oh ! il ne faut pas croire qu'elle s'installe n'importe où ! … elle fait son choix, "l'horrible bête"! Si la carapace est trop dure, elle se retire sur la pointe des pieds et s'en va ailleurs, là où c'est plus tendre, plus fragile, plus vulnérable ….. Elle guette sa proie comme une araignée dans sa toile, à l'affût de la moindre imprudence, d'un moment de faiblesse, d'un chagrin, d'une peur ….. Lorsque tous les éléments sont réunis, elle attaque par bonds successifs puis, perverse, elle recule laissant croire à un abandon, mais revient plus lancinante, plus virulente, plus meurtrière. Comme une vague déferlante, elle envahit tout. Elle dévore, elle laisse anéantie avec ce nœud dans la gorge, avec ces larmes dans les yeux. Alors, c'est un état désespéré où tout est possible ….. On atteint le fond, sans espoir de remontée …… C'est un combat insensé, inégal ! on ne connaît plus rien, ni la soif, ni la faim, ni le chaud, ni le froid…… c'est la rupture avec le monde des vivants, c'est le néant ….. On ne sait plus sourire, on ne sait plus aimer, on ne sait plus vivre, on ne sait que crier son désespoir dans le silence de ces nuits obscures … On est seul, On a peur ………. Aucune notion du temps qui passe, inexorablement.
Alors Claire reste là , regardant sans les voir les vagues qui mouillent ses pieds dans un va et vient incessant. Elle attend. Elle attend l'homme qui l'a aimée, celui pour qui elle aurait tout quitté et elle revoit ce parking, ce motel, cette chambre où ils se sont aimés une dernière fois, douloureusement, sans un mot, sans un cri… Et parce qu'elle avait lu dans ses yeux tant de détresse, elle n'avait rien dit … Elle savait déjà ! Mais que savait-elle au juste ? Alors elle attend là , devant la mer … Elle attend Vincent.
Provence
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