J’ai vu un nuage qui volait de travers,
Il paraissait si saoul qu’il bousculait ses frères,
Jamais on avait vu dans le grand univers
Un nuage pété à se rouler par terre.
Ce n’était pas de l’eau qu’il déversait en pluie,
Pas de celle qu’on boit en la tirant du puits,
La sienne Ă©tait de vie mais pas pour la nature,
Les arbres au lieu de fruits faisaient des confitures.
Les concombres au jardin en voulaient aux citrouilles
Depuis qu’avec cette eau ils se lavaient les douilles,
Pas celles du fusil qui ne tire qu’un coup,
Fallait pas leur promettre, ils réclamaient beaucoup.
Le jardinier aussi avait subi l’orage,
Bien qu’en étant trop vieux pour accepter l’outrage,
Sa binette Ă la main il fendait les tomates,
Offrant aux escargots de leur greffer des pattes.
Et la pluie s’écoulant jusqu’en lit de rivière,
A la truite, au brochet, apporta sans manière
De nager sur le dos avec le ventre à l’air
Qui servait de bateau Ă tous les vers de terre.
Et voilà qu’à mon tour, je recevais l’averse,
Si fort que d’un seul coup, mon hamac se renverse,
Le nez dans le gazon, à peine réveillé,
Je nage sur le sol pour ne pas me noyer.
Amis qui m’avaient lu, s’il vous arrive aussi
D’aller vous allonger, en sieste après-midi,
Regardez donc avant qu’il n’y ait de nuages
Sinon ce sera vous qui subirez l’orage
Et méfiez-vous aussi en prenant le café
De goûter au canard d’eau de vie arrosé.
Chibani