L’ivrogne
Vingt heures s’égrènent au clocher
Elle attend et se morfond
Fixant l’ampoule au plafond
Qui à l’air de vaciller
Le troquet vient de fermer
Commence le compte à rebours
Une fois de plus aviné
Il trébuche, sur le retour
Elle a envie de s’enfuir
Sur le poêle la soupière fume,
Elle entend le vent gémir
Et la petite qui s’enrhume
En boule, rêvant de souris
Le chat veille, paupières mi-closes
Attentif au moindre bruit
On voit sa petite langue rose
Dans le silence étouffant
Elle tressaille cœur plein d'ennui
Soupire, pleure et se repent
A quel moment a t-elle failli ?
Elle se sent traquée
Comme une bête à l’affût
C’est une promesse bafouée
Il aura encore trop bu !
Les enfants sont attablés
Ils sentent venir l’orage
Leur maman va supplier
Qu’ils se taisent et restent sages
Elle se retient de pleurer
Ils la regardent, innocents
Elle tremble pour leur avenir
L’alcool le rend méchant
Elle n’ose plus les regarder
Leur minois plein de candeur
Vers son visage levé
Vient de lui briser le coeur
De quelle façon expliquer
Cette démission du papa
Qui ne pense qu’à s’enivrer
Au lieu de suivre leurs pas
Seule elle va devoir faire face
Elle lui en veut et enrage
L’image du héros s’efface
La colère pour tout bagage
Et cet aveu de faiblesse
Lorsqu’elle se trouve contrariée !
Des hoquets de détresse
Qu’elle ne peut plus réprimer
Sur la lampe un grésillement
Fait descendre la tension
Un papillon grille ses ailes
En détournant l’attention
Dans cet oppressant silence
S’élève une voix de chat
Voilée de désespérance
Oh ! mais il est où Papa ?
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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.
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