Le temps passe sans pitié...
Sur la plage se meurt ton désir d’être femme,
Car c’est là que tu viens pour pleurer ton chagrin.
Autrefois, pour ton heur tu portais chaude flamme
Et faisais, pour un rien, se pâmer ton voisin.
Aujourd’hui c’est quenouille en filin de remords
Que tu tresses, sans fin, au cercueil de la plage,
Quand la vague qui mouille en surfant sur les bords
Se fracasse aux confins de ce triste rivage.
Plus un homme en émoi ne s’approche du banc
Pour te dire à minuit sa douce sérénade ;
Seul ce chien, près de toi, aussi fier qu’Artaban,
Est fidèle et te suit quand tu fais promenade.
Chaque jour te grisonne un peu plus les cheveux
Car le temps va son train sans savoir plus attendre.
Et quand l’heure résonne au clocher trop nerveux
Tu cherches dans l’entrain un son qui soit plus tendre.
C’est lorgnant ton miroir que tu fais tes grimaces
En jetant ton regard sur ce plan fait de tain.
Tu voudrais tant avoir moins de plis, moins de traces
Un bien meilleur égard pour aborder la fin.