Plume de satin Inscrit le: 7/6/2006 De: Envois: 33 |
Ecrire encore un peu...
Je me ferai discret, silencieux et petit, A peine entendrez-vous l’encre sur le papier, A peine entendrez-vous les pages du cahier Contenant tous les mots de mon tendre appétit.
J’écrirai simplement pour la gloire des fleurs, Pour les amants perdus dans l’océan des peines, Pour les amoureux fous croyant au vrai bonheur, Pour tous les malheureux se jetant à la Seine !
Pour les diables maudits dormant dans le Tartare, Pour les hommes pleurant la terre qui fut bleue, Pour les dieux assoiffés de merveilleux nectar, Pour Cupidon cruel qui de tout bois fait feu !
J’écrirai simplement pour qui veut bien me lire ! Proposant un tableau aux couleurs enivrantes, Qu’importe le sujet, les mots doivent suffirent Pour dessiner, toujours, une image éclatante !
J’écrirai pour cela, pour qu’explose à la vue Du lecteur, une puissance incommensurable, Pour qu’il soit démuni, piégé à son insu, Devant cette fresque aux contours inégalables !
Pour qu’il reste sans mots, pour qu’il reste sans voix, Tel un enfant chantant le soleil se couchant ! Tel un enfant charmé par la lune d’argent ! Tel un enfant pleurant d’une si grande joie !
Ils jailliront les mots, les vers et puis les rimes ! En vagues caressées par l’embrun frémissant, En vagues suspendues au-dessus de l’abîme Emportant les voiliers aux mats éblouissants !
Et je déverserai de l’encre en abondance ! Raturant, effaçant, recommençant sans fin, N’ayant plus peur de rien, vivant dans l’opulence : L’opulence des mots vous change en Séraphin !
Lisant et copiant, buvant la poésie, M’inspirant des anciens par quelques vers pastiches, Non pas pour acquérir un peu de leur génie Mais pour cerner au mieux les joies de l’hémistiche.
L’Histoire et ses secrets, la mer, les fleurs, le ciel, Et la littérature en siècles de joyaux, Je me délecterai de cet onctueux miel Dévorant chaque jour le fruit jusqu’au noyau.
Et je découvrirai le pouvoir érotique De tous les vers charmeurs aux tournures lubriques, Esquisses voilées de songes inavouables Aux charnelles saveurs des Muses désirables !
Je verrai l’invisible, entendant le silence ! Je toucherai le fruit même de l’impalpable ! Je goûterai le doux des saveurs improbables ! Je sentirai le feu de la fleur sans fragrance !
Je ne veux pas parler de la forme et du fond, Qu’importe la technique et le thème profond, Il s’agit simplement de l’âme et puis du cœur, De tout ce qui fait l’homme en toute sa splendeur !
Je veux parler d’amour, amour de soi, d’autrui, De ce met délicieux, de cet odorant fruit, De ce souffle puissant explosant à la vue Du lecteur ébloui assis en haut des nues !
Quand les mots sous la plume apparaissent vivants ! Quand la houle furieuse inonde le lecteur ! Quand les cris des enfants lui arrachent des pleurs ! Quand le bruit du canon fait couler tout son sang !
Quand les maux d’ici-bas lui provoquent des spasmes ! Quand la rose nouvelle émerveille ses jours ! Quand la sensualité provoque son orgasme ! Quand les mots sous la plume murmurent : l’amour !
Je me ferai discret, silencieux et petit, A peine entendrez-vous l’encre sur le papier, A peine entendrez-vous les pages du cahier Contenant tous les mots de mon tendre appétit.
Je me ferai discret, mais laissez-moi écrire ! Encore quelques vers, encore quelques temps, Puisque tel est mon sort à présent de mourir Et puisque le bon Dieu me sourit en chantant !
Qu’importe que mes vers soient oubliés demain, Qu’importe que mes vers traversent les saisons, Car si une seul de tous échoue dans une main Alors je serais fier et j’aurais bien raison !
Le poète, souvent, n’écrit pas que pour lui Mais pour le lecteur ! Et pour laisser une trace, Sur un million de vers, pour un seul vers qui luit : Alors je suis heureux et, en paix, je m’efface…
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