Tiens cela me fait penser au "laids tétons" mais dans un ton inverse :
"Philis, tu demandes pourquoi
Je ne sens point d'amour pour toi ?
La raison est, que tes mamelles
Te vont jusques sous les aisselles ;
Que ton nez est des plus punais,
Et que ta bouche sent mauvais !
Je crois d'ailleurs, ô vieille vache !
Puisqu'enfin tu le veux savoir,
Que tout ce que l'habit me cache
Est encor plus vilain que ce qu'il laisse voir.
Outre cela, je déclare que des tétons me paraissent laids, quelque bien tournés qu'ils puissent être, quand le sexe les fait servir de prétexte pour être infidèle
Pour voir la laideur d'un téton dans toute son étendue, on n'a qu'à lire l'épigramme que voici, faite par Marot, sur le laid tétin :
Tetin qui n'a rien que la peau,
Tetin fine, tetin de drapeau,
Grand'tetine, longue tetasse,
Tetin, doy-je dire bezace ;
Tetin au grand vilain bout noir,
Comme celui d'un entonnoir.
Tetin qui brimballe à tous coups
Sans estre esbranlé, ne secous,
Bien se peut vanter qui te taste,
D'avoir mis la main à la paste.
Tetin grillé, tetin pendant,
Tetin flestry, tetin rendant
Vilaine bourbe en lieu de laict,
Le diable te fit bien si laid.
Tetin pour tripe reputé,
Tetin, ce cuide-je, emprunté
Ou desrobbé en quelque sorte,
De quelque vieille chevre morte,
Tetin propre pour en enfer
Nourrir l'enfant de Lucifer.
Tetin boyau long d'une gaule,
Tetasse à jetter sur l'espaule,
Pour faire (tout bien compassé)
Un chaperon du temps passé,
Quand on te void, il vient à maints
Une envie dedans les mains,
De te prendre avec les gants doubles,
Pour en donner cinq ou six couples
De souflets sur le nez de celle
Qui te cache sous son aisselle.
Va, grand vilain tetin puant,
Tu fournirois bien en suant
De civettes et de parfums
Pour faire cent mille defuncts.
Tetin de laideur despiteuse,
Tetin, dont nature est honteuse,
Tetin des vilains le plus brave,
Tetin, dont le bout toujours bave,
Tetin fait de poix et de glus :
Bran, ma plume, n'en parlez plus,
Laissez-le là , ventre Saint-George,
Vous me feriez rendre ma gorge. "
Amitiés
Emy.
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J'ai toujours été passionné par le mariage de l'ordre et du désordre, que ce soit l'un qui produise ou perturbe l'autre, ou l'autre qui produise ou perturbe l'un.
François Morellet