Le prof,
Sanglé dans sa blouse grise, ignorant ce vide
Qui me donnait le vertige, sans cesse en mouvement
Dans les allées de la classe, de son pas lent
Il martelait les esprits, autant que le sol.
Derrière ses lunettes de métal, ses yeux gris
Cherchaient dans nos escapades, aux toilettes
Le devoir en retard, la supercherie ou pire
Insulte suprême, une règle ignorée.
Coupés courts, ses cheveux gris, lui donnaient
Cet air sévère, propre aux critères de l’époque
Nous Ă©tions en 1964, une autre Ă©poque
D’autres méthodes, qui faisaient de nous des moutons ou des rebelles.
Nul en maths, j’étais votre cible privilégiée
Ignorant ce vide, qui me donnait le vertige
Prof de math, de vos baffes et vos sarcasmes
Je me souviens, je n’oublie rien.
Prof, avec vous je devenais fou
Savez-vous qu’un jour, poussé à bout
Dans mon livre de maths, j’avais glissé
Piqué à mon père, un couteau à greffer.
Dix fois, cent fois, les doigts serrés sur le manche en bois
Durant tout le cours, j’ai attendu l’insulte, le coup de trop
Aujourd’hui encore, je mesure la chance que j’ai eue
Ce jour là , à vos yeux j’étais transparent, insignifiant.
Prof de maths, l’Histoire que j’adorais vous laissait de marbre
Ces mots de français que j’aimais vous indifféraient
Seul, les chiffres et leur logique, parvenaient
A vous faire sourire.
Ce n’est que bien plus tard, par hasard
Que j’ai appris, que de cette génération
Sans jeunesse, oubliée à faire la guerre
Devant le peloton d’exécution, vous aviez perdu
Vos illusions…
Kernanet
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D'une succession de mots naissent des phrases qui font des histoires de tout et de rien....
"Alain"