Me voici chofar époumonée de grâces
Eclaboussée d’aurores l’hirondelle agitée perd le nord et sourit.
Delta et source en une seule pureté : ta neige et mes complies, tes révoltes et mes nuits. Présomption d’innocence pour notre amour interdit.
Il faudra bien serrer ces bonheurs si fugaces : aimer, ouvrir le livre, et savoir que tout passe.
Mais si nous n’osons pas nul ne saura si trésor est offense.
Laver nos yeux, parfumer les couchants, s’émerveiller. Et tambour battant faire taire l’olifant des médisances.
En coupole dorée je serai l’académicienne de tes songes. Et toi le Goncourt des renouveaux. Au Nobel des amours nous plaiderons la cause.
Nuits de lilas désaxés, jours perdus d’avance : notre printemps respire au petit bonheur la chance.
J’ai trop bu de tilleuls et de verveines tendres. Je veux du cuir et que tout le monde l’entende !
Le soleil piaffe d’impatience, et la neige frémit : levez-vous, outrages désirés !
Entre marécages endormis et océans en vacarme, l’homme sage toujours chérira l’amer.
Longtemps, je me suis couchée de bonne heure : j’ai plus de rêves en moi que si j’avais mille ans…
La fontaine entonne les soupirs des amants ; taisons-nous et écoutons ce mugissant silence. Vérone nous sera bal de bienséance.
Tu marches en mes printemps tel un faucheur avide ; pour toi je me ferai et bourgeon et cerise.
J’ai faim de nous comme d’un festin céleste ; nos âmes réunies me sont apéritives…
Tes mains d’artiste me peindront telle chapelle Sixtine ; restaure-moi…
Le pommier en fleur où les abeilles abondent n’est que pâle miroir du bruissement de mon cœur.
Crépiter en silence, taire l’abondance : mon désir papillonne en tsunami de toi. J’espère déferlantes et me fais beau rivage.
Au carrefour de mes lunes je cueille la rosée des vents. Tout se tait : en mes autans perle sonore éternité.
Andromaque, je pense à vous. Tant de fleurs, tant de mal, et ces spleens enchaînés…
Un rossignol aphone, voilà ma vie d’avant. Me voici chofar époumonée de grâces.
Sabine Aussenac.
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Lou, aux nuits rossignol...