Près d’une grande forêt, aux arbres centenaires,
Fut construit un beau lac, entouré de roseaux,
Mais le maître des lieux, se mit fort en colère,
De voir des touffes d’herbes qui se miraient dans l’eau.
C’était un très gros chêne, tronant à la lisière,
Il était le plus haut des arbres de ce bois,
Dans le petit village chacun en était fier,
Et, ce grand vaniteux se prenait pour le roi.
Puis, le froid s’installait, engourdie par l’hiver,
La nature s’endormit, et le calme revient.
Mais dès que le printemps eu dégelé la terre,
La vie reprit ses droits ;..et par un beau matin,
Un roseau courageux, s’élevant avec peine,
S’adressant au grand arbre, lui dit l’air malicieux :
« vous prenez trop de place, vos racines nous gênent,
ne pouvez vous vraiment pas vous pousser un peu » ?
« c’est à moi que tu parles ? » lui demanda le chêne immense,
« sais tu bien qui je suis, veux tu baisser les yeux,
nul n’a le droit ici d’imposer ta présence,
car pour moi tu n’es rien qu’un abrisseau peureux,
au moindre bruissement, tu plies et tu trembles,
toujours si près du sol, que sais tu de la vie ?
moi je vois les nuages là-haut qui se rassemblent,
et je suis le premier à voir tomber la pluie,
toi tu t’ennuies dans l’ombre, en bas, les pieds dans l’eau,
et moi pendant ce temps, je me dore au soleil,
pour toi la vie est triste pauvre petit roseau,
du haut de ma grandeur je vois mille merveille,
j’aperçois la clairière et les enfants qui jouent,
le joli rossignol se poser sur mes branches,
et quand j’entends sonner le clocher de chez nous,
et que les rues s’animent, je sais que c’est dimanche, »
« pour vous je ne suis rien » lui répondit l’arbuste,
mais je préfères ma vie à la notoriété,
vous dites, « je suis heureux ! »…allons soyons plus juste,
c’est de la vie des autres que vous vous abreuvez,
vous faites fi de tout, dénigrant vos semblables,
tout le monde vous craint, vous n’avez pas d’amis,
pour vous les plus petits, ne sont que grains de sables,
croyez vous qu’on vous aime,parce que l’on vous sourit,
pour moi les jours sont courts, je ne suis jamais seul,
je m’étonne de tout, mes amis sont nombreux,
de la mésange bleue, au charmant écureuil,
ils viennent boire à mes pieds et je m’écarte un peu,
l’abeille me raconte ses fabuleux voyages,
elle me parle de fleurs aux parfums envoûtants,
et si Monsieur Moineau n’a pas un beau plumage,
ca ne l’empêche pas de chanter avec le temps,
savez vous que dans l’eau frétillent les poisson ?
que la grenouille verte est un encien tétard ?
que la moindre chenille, devient un beau papillons ?
et que le long des murs, se faufilent les lézards ?
je ne me sens pas petit malgré votre grandeur,
j’en sais bien plus que vous, du monde et de la vie,
et sauf votre respect, vous ne me faites pas peur,
je vous plains sachez le, plus que je ne vous envie.

élie

Voila une version particulièrement évocatrice que La Fontaine ne saurait renier.
HONORe