Oh ! combien d’écrivains, combien de grands poètes
Ont voulu publier leurs poèmes honnêtes
Et devant des profils se sont évanouis
Quand ils montraient leur face au cours de nuits sans lune
A des esprits sans fond qui niaient la fortune
De pouvoir lire enfin des vers épanouis

Et combien de lecteurs ont ignoré leurs pages
Ne gardant que les vers, sinistres équipages,
De rimailleurs imbus pensant venir des flots !
Nul ne sait leur destin de barque chavirée
Sur la vague idiote et leur âme est plongée
Dans l’abîme fermant le moindre des hublots

Qui sait votre destin, pauvres rimes perdues !
Vos notes ne sont pas, à ce jour, entendues
Et j’entends vos refrains et leurs mots inconnus
Heurter des tympans morts délaissant votre rêve
Celui que vous faisiez lorsque le vers se lève
Quand ses printemps sont méconnus

On vous cite parfois, en hiver, aux veillées,
Mais en ironisant sur vos rimes rouillées.
On mélange votre art à des sommets couverts
D’une brume éternelle et pourtant sans ratures
Qui cache le talent à vos progénitures
Voyant sur votre bouche un stupide univers

On demande parfois : « Où sont ces imbéciles
Dont les alexandrins se montraient si fertiles ? »
Vous ne répondez pas l’esprit enseveli
Par des poèmes froids couchés en la mémoire
Qui vous sert de culture et dont l’aurore est noire !
Ainsi vous les jetez à jamais dans l’oubli

Mais venant du tombeau, votre ombre disparue,
Leurs poèmes viendront jusque dans votre rue !
Et les passants charmés les reprendront en chœur
Ainsi que des enfants ressuscitant la cendre
Qui se diront pourquoi nous ont-ils fait attendre
Nos parents au verbe moqueur !

Lorsque le dernier jour fermera leurs paupières
Leurs noms seront inscrits au plus profond des pierres
Quand vous ne connaîtrez qu’un écho sourd et froid
Envahissant la tombe où vous n’êtes personne
Quand leur ciel est si clair et le vôtre l’automne
Dans un balbutiement n’apportant que l’effroi ;

Où seront donc vos vers quand toutes les mémoires
Les auront projetés dans le fond des nuits noires ?
Blêmes vers, sans esprit et traînant à genoux !
Vous vous les racontez vos rimes sans marées
Car vos voix sont déjà fausses, désespérées,
Le ciel vous ayant fait comme des arbres roux.

"Mais venant du tombeau, votre ombre disparue,
Leurs poèmes viendront jusque dans votre rue !
Et les passants charmés les reprendront en chœur
Ainsi que des enfants ressuscitant la cendre
Qui se diront pourquoi nous ont-ils fait attendre
Nos parents au verbe moqueur !"

Voilà un bel optimisme !
Lorsqu'on n'est pas connu de son vivant, quel miracle ressusciterait le poète d'entre les morts ?

Une belle réflexion sur la vacuité qui sévit dans le microcosme des "artistes"

Comme j'ai beaucoup aimé lire ce bel écrit!
Amitiés!
Alain

Bonjour ATHANOR

Dans la vie chacun a droit a une petite place même si une plus valorisante devrait être réservée aux grands de ce monde ceci dans n'importe quelle matière en particulier artistique et culturelle.

Amitiés

Christian

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Bonjour Athanor, une fort belle pensée sous tes merveilleux alexandrins qui je n'en doute pas fleuriront un jour ta tombe.
J'ai beaucoup aimé suivre ta belle plume.
Mon amitié.

Capricorne

superbe athanor, en lisant ce poeme, je me pose la question du talent, de la compréhension, de la reconnaissance,
y a t-il une loi, certains génies sont connus de leurs vivant, d'autres non, il faut déja une certaine culture pour s'intéresser à ces grands hommes...est ce utile ? oui surement si l'on s'en tient à la qualité de leurs textes, non peut être si c'est une vénération consensuelle, presque philosophique,
ces gens apportent c'est indéniable de la lumière, heureusement qu'ils sont là, pour nous pauvres mortels,
quand a être soi même un génie, on peut le penser, c'est souvent illusion et orgueil, le temps seul décide, cent fois sur le métier tu remettras ton ouvrage, l'humilité est là, mais est t-elle elle aussi, utile ?
Bon j'ai perdu le fil de mes idées,

bravo pour ce splendide poeme


yann

A ton poème, je répondrai: pourquoi écris tu?

Ecris tu pour obtenir l'immortalité, la célébrité, la gloire? serais tu un "golden poet" comme il y a des "golden boys" dans la banque?
Si c'est cela, en effet, il faut les capacités, car tout le monde ne peut proclamer:
"Je veux être Chateaubriant ou rien".

Si tu écris, est ce parce que, comme beaucoup d'écrivains professionnels qui doivent, par exemple, noircir trente pages par jour pour respecter un contrat, tu dois rendre quotidiennement ta production de poèmes?

Ou alors, si tu écris, c'est qu'une force irrésistible te pousse parfois à le faire? bonheur, malheur, joies, chagrins, satisfaction, déceptions. Ton coeur ne peut alors rester silencieux devant le quotidien de ta vie.

Dans ce dernier cas, tu peux garder pour toi tes écrits. Nul besoin de les faire connaître au monde. Ecrire doit te suffire à exprimer, à te décharger émotionnellement de tout ce qui pèse sur toi.

Tu n'es pas obligé de partager tes mots ou tes sentiments. Mais le faire, c'est souvent montrer aux autres (quand les textes sont tristes) qu'ils ne sont pas seuls à vivre des choses difficiles. C'est aussi apporter un peu de rêve et de bonheur à ceux qui en ont besoin (quand les textes sont optimistes).

As tu besoin de milliers de lecteurs qui t'approuvent? pourtant, la façon que chacun a d'écrire ne peut pas plaire forcément à tout le monde. le cercle des amis fidèles peut être très restreint, il n'en constitue pas moins un partage très riche.....

Et puis, fondamentalement, sommes nous d'assez grands poètes pour oser penser à éditer? Ne devons nous pas faire preuve d'humilité devant nos écrits? Est ce que publier à compte d'auteur représente une réelle reconnaissance? Ayant fait une tentative de publication malheureuse en 2005 avec un éditeur escroc, je suis venu à m'interroger sérieusement sur ce sujet. Est ce que mes vers méritent vraiment une édition? qu'est ce qu'ils apportent à la société, à la pensée, que proposent-ils comme message d'avenir?

Alors, je me cantonne désormais sur un site de poésie, car là aussi, on ne peut sérieusement s'impliquer dans dix endroits la fois. Je poste quand j'ai réussi à dire quelque chose de nouveau, ce qui n'arrive pas tous les jours. j'ai des trous qui durent des mois, des années, et des périodes plus prolifiques. les coms que je reçois me font plaisir, et m'indiquent que quelques personnes ont suivi ma pensée... les lectures m'indiquent aussi le nombre de curieux qui s'arrêtent, donc qui acceptent de lire un message, même s'ils ne le commentent pas.

Le poète amateur écrit, et vient le voir le public qui a des affinités avec sa sensibilité et sa pensée. Tout le monde ne peut avoir les mêmes goûts. le monde serait trop monotone.

Amicalement et poétiquement
Daniel

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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)

Merci Grodele,
Je suis un pessimiste joyeux.
La mémoire seule permet que des écrits puissent être révélés
après le jardin de marbre.
Amitié
ATHANOR

Merci Alain,
Il est toujours réconfortant et agréable quand nos écrits plaisent.
Amitié
ATHANOR

Merci Christian,
Le chemin de ces places est, malheureusement, souvent encombré par d’autres ne la méritant pas mais qui ont plus « d’amis ».
Amitié
ATHANOR

Merci Capricorne,
L’art n’est pas un bureau d’anthropométrie, la lumière ne se fait que sur les tombes. Léo Ferré.
La mienne sera-t-elle éclairée ?
Cela m’étonnerait, je me fais incinérer.
Amitié
ATHANOR;

Merci Yann,
Il faut rester modeste mais penser que nos écrits sont importants n’est pas de l’orgueil mais un bonheur personnel enrichi pas des commentaires lucides et intelligents.
Je n’aime pas la fausse modestie et je pense qu’il faut mettre en avant nos qualités sans pour autant diminuer les autres.
Le génie est rare et contrairement au talent, il n’a nul besoin de travail.
Mais je crois aussi que la technique a son importance.
Comme disait Brassens : « Sans technique, un don n’est rien
qu’une sale manie »
Amitié
ATHANOR

Merci Daniel,
Voici la question essentielle ?
Pourquoi écris-tu ?
Simplement pour me libérer, le seul plaisir que je ressens ne
venant qu’au point final d’un poème.
La poésie m’est tombée dessus après mes 30 ans et je ne sais pourquoi !
L’école quittée à 14 ans, pas d’études donc, à peine une dizaine de livres lus et pas un traité de prosodie.
Un poète français m’a appris les bases de la prosodie par courrier, en deux lettres.
Si j’avais à rendre ma copie chaque soir, je composerais même la nuit ce qui n’est pas le cas et j’écrirais 10 poèmes par jour.
Là, je me consacre à la poésie environ 2 heures/jour.
Tu as raison, c’est une force irrésistible, presque violente, qui me pousse à écrire.

Tu parles des sentiments et je peux te dire que ma préférence va vers la poésie biographique.
Raconter la vie d’une personne me procure une joie intense sauf quand je lis les poèmes aux personnes intéressés et qu’ils évoquent des moments tristes.
Je ne connais pas un autre poète composant des poèmes en alexandrins pour conter une autre vie que la sienne.
Je parle de raconter une vie entière non un instant d’existence.
Il est évident, comme chacun, que j’aime être lu et félicité mais, très longtemps, mes poèmes se sont empilés sur une table mis à part les biographiques.

Je connais l’escroquerie de l’édition et je n’ai pas cédé.
Là, j’ai publié cette année quatre recueils et le prochain arrive, j’ai participé à l’écriture d’une pièce de théâtre en classique avec six autres poètes mais parce que je ne suis pas à compte d’auteur.
Cela peut être une demande également. Après avoir composé un sonnet estrambot Le squelette amoureux, l’éditeur, petit éditeur mais grand poète, m’a dit : « Celui-là, j’aimerais le publier » mais je n’avais qu’un sonnet. J’ai donc écrit une nouvelle en alexandrins visible sur le site editionsstellamaris. Attention à ne pas confondre
avec un site du même nom consacré, c’est le cas de le dire, à l’église.

Quand je reçois ce genre de message de la part d’une dame que je considère comme une grande poétesse classique, je suis heureux et je me dis que mes poèmes sont utiles à quelqu’un :

Cher Patrick,
Je suis heureuse que ma carte te plaise; ce n'est rien par rapport au trésor que je possède maintenant!
Mes compliments sont très sincères... Je n'avais jamais ressenti autant les écrits de quelqu'un de cette force-là...
Tu n'écris pas seulement tu "craches" le beau comme le laid et tes mots, tes images... l'on se demande comment tu fais ! Cela paraît si facile quand toi tu les poses sur la page... Certains poèmes sont plus difficiles à comprendre mais mon ressenti fait le travail à ma place...
Merci encore , tu vas me permettre de progresser ...je suis trop scolaire encore!
Amitiés sincères.
Annie

Il est vrai que la plupart des lecteurs qui s’arrêtent sur un écrit apprécient le poète mais j’aime aussi ceux qui ne sont pas d’accord, ceux qui malmènent car ils permettent de progresser.
Il est vrai aussi que nul n’est un louis d’or et que nous ne pouvons plaire à tout le monde.
Pourquoi j’écris ?
Les mots sont là, je les libère et moi aussi par la même occasion.
Amitié
ATHANOR