« Matutinal silence ! »
Il me souvient encor de ces matins de brume
Matutinal silence à l’haleine feutrée
Engourdis de sommeil et du froid qui se hume
Exhalant les vapeurs d’une humide rosée.
Cette ouate assourdie qui me semblait magique
Me cachait les contours … paysage endormi ,
Me laissant deviner la bien douce musique
De la respiration du jour reprenant vie.
Le gros pain tartiné me revient en mémoire
Le beurre était si frais, s’effritant de blancheur
Qu’à pleines dents, mordais à l’allant dérisoire
Des heures à venir …des instants galopeurs.
« Oui, il fût un temps » insouciant quand naguère
Le chien sur mes talons, je m’en allais au vent
Courir sur les sentiers, petit POUCET prospère
De baies, de fleurs, d’oiseaux et de chants bienveillants.
Au vert de tous les près, je mis rêves dans l’herbe
Les nuages courraient devenus captivants
Leur course m’ emmenait, tout au sein de ce verbe
Que crée la poésie… du haut de mes sept ans.
Les peupliers tremblaient , mettaient l’or en lumière
Dans les rayons dansants clignement de clins d’œil
Ce jeu de cache-cache où l’ombre qui s’éclaire
Tout à coup éveillée, s’ouvre comme un recueil !
Ainsi, cette nature a pénétré mon âme,
Devenue papillon elle prit ses couleurs
Et si je vois danser toujours en moi la flamme
C’est que le mot s’est pris dans ce rythme enjôleur.
Souvenez-vous Poète, il est pure innocence
Dans le regard enclin, à découvrir le ciel
Voyez la flaque d’eau mettant lumière en transe
Sautons-donc à pieds joints, n’est ce pas l’essentiel. !
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« La poésie - par des voies inégales et feutrées - nous mène vers la pointe du jour au pays de la première fois.  »
de Andrée Chedid