J’éprouve une douce et réelle amertume
Chaque fois que je repense au petit écolier
Que je côtoyais comme de coutume.

C’était bien avant que je ne sois hélas spolié
Et de mes habitudes et de ma patrie ;
Et de ma tante et de mes oncles et de mes amis.

De ces séparations, je ne me suis jamais remis.
De plus, ni mes parents ; ni même ma fratrie,
Ne me furent jamais du moindre réconfort
Pour m’aider à devenir fort.

En arrivant ici, le froid et la grisaille
Ont sans nul doute ajouté à ma détresse.

Dans les pires moments de tristesse,
C’est dur quand un passé heureux tenaille.
Combien de fois je me suis vu au bord du précipice
Car trop rares étaient mes moments propices.

Pendant des heures je m’appliquais à penser à Tunis
Et à son soleil généralement et généreusement éclatant.

Et, s’il était fréquent que mes mains tremblantes s’unissent
C’était pour m’enfermer dans mes pleurs en sanglotant
Tellement je souffrais du brusque changement d’habitudes.

J’ignorais que la vie pouvait avoir de ces turpitudes.

Perdu à jamais mon verger aux mille délectations.
Perdu à jamais mon jardin aux fleurs multicolores.

Quitter son pays, ses parents et ses amis est une aberration
Car un déracinement n’est ni imperceptible ni indolore.

Avant de partir, je ne m’étais pas douté de ma future désolation.
Pour me décider à le suivre, mon père avait été très éloquent :
Il m’avait dit tout le bien quant à notre prochaine installation.
Moi, je l’avoue . . . J’aivais été enthousiaste et inconséquent ! . . .

Perdue à jamais ma petite école élémentaire du Bardo.
Perdue à jamais sa petite cour de récréation fleurie.
J’ai gaspillé mes jeunes années et perdu mon eldorado
En croyant trouver l’opulence et le confort à Paris.

A Tunis, je ne mangeais pas à ma faim tous les jours
Mais j’étais heureux parmi tous ceux que j’aimais.
Aujourd’hui, ils sont tous morts ; perdus à jamais.
Moi, je traîne ma pauvre carcasse, muni de ma carte de séjour.


Fin.
Mahdaoui Abderraouf.
Le 18 Septembre 2007.

Bonjour spartacus
Tellement touchant
Cet arrachement
Moi aussi j'ai quitté ma ville natale
Et sait ce que c'est de perdre
Ses repaires.
On ne se nourrît pas que de pain
J'espere que depuis
Ta vie a trouvé un lumineux chemin
Amitiés.

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Amicalement Alanna