Tête à tête...
En petit tête-à -tête
Nous voici là ma Mie,
Le thé nous est servi,
Prenez un peu de cake
Ou bien quelque galette,
Un sucre ou deux peut-être ?
Buvez, je vous en prie…
Partageons ce bien-être
Et que nos deux esprits
Se rencontrent et se prêtent
A de douces folies !
Comme vous êtes belle,
Jolie rose épanouie,
Je baise de mes lèvres
Cette bouche jolie,
Sentez-vous notre fièvre,
Cette fièvre, ma Mie
Qui là nous envahit
En ce Boudoir feutré
Où nous sommes tous deux ?
Aimons-nous, je vous prie,
Nous méritons nos cieux
Sachons les bien gagner,
Rejoignons notre Olympe,
Mes doigts sur un bas grimpent,
Quel instant merveilleux !
La voici votre Olympe
De lumière là baignée,
Votre blanche jarretière
D’une rose brodée
M’invite à familières
Et chaudes caressées !
Qu’y verrez-vous, ma Chère ?
Sinon que l’on vous aime
Et que l’on vous désire,
Laissons à nos plaisirs
La bride souveraine,
Chevauchons, s’il vous plaît
Et de façon sereine,
Joliment enlacés,
Je suis vôtre, êtes mienne,
Il est cinq heures passées,
Un soleil jaune traîne
Au coin d’un oreiller,
Aimons-nous donc ma Reine,
Encore un peu de thé ?
Et que ma bouche prenne
Ce baiser parfumé
Que me donnez amène
De façon passionnée…
Et l’Amour nous entraîne,
Laissons-nous donc guider,
La passion nous emmène
Là où voulons aller,
Juste un peu de soleil
Vous fait cligner des yeux,
Ah, Madame, là quelle douce chaîne
Que vos bras chaleureux,
Je sens de votre sein
Le bec malicieux
A travers le satin
Me piquer de son mieux,
Allons, libérons-le
Que ma bouche à dessein
Sur son rond tout fiévreux
Se fasse saturnienne
En ronds mélodieux !
Et du bout de vos doigts,
Que cherchez-vous, ma Mie ?
L’arc de Cupidon
Et sa flèche jolie ?
Allons, allons, allons,
Tirez-donc, je vous prie,
Ainsi de sa prison
Le trait de mes envies…
Ah, Madame, quelle douce folie,
Je ouïs là le crissis
De ces bas blancs fripons
Qui se hissent au plafond
De notre Paradis !
Jouissons, jouissons, jouissons,
Jouissons là , je vous prie,
S’il faut perdre la vie
Que ce soit sans façon
Au creux d’un édredon
Et dans le chant d’un lit !
Mais passent les folies,
Car il n’est de plaisir
Las, qui ne prenne fin,
Je vous laisse, ma Belle
Et prendrai des nouvelles
De vous demain matin…
Surtout, portez-vous bien,
Je prends une étincelle
En ce regard coquin
Et à ma boutonnière
L’accroche ma foi bien…
Mon cheval m’attend,
Impatients sont ses fers,
Il piaffe et, par l’allée
De la Gentilhommière,
Je vais là m’éloigner…
A demain, ma très Chère,
Belle fin de journée,
Que nuit vous soit légère
Et toute parfumée…
Votre Marquis de Chair,
Tout à vous dévoué…
"A la Marquise de L..."
Jacques Hiers
Texte déposé. Tous droits réservés.
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