LA JEUNE PROSTITUÉE

Cherchant une maison de forêt et de jeunes filles en fleur
Une maison se dévoile dans toutes ses possibilités
Et dans un esprit sans malice
Où sont les jeunes filles, demande-t-il ?
Le voyageur effrayé se questionne sur la durée
Il est repu et velu
C’est pourquoi les vieilles femmes se taisent à sa venue
Il est désordonné et avide
Il le paumé et le perdu
Et demande la rue
La rue de la jeune prostituée
Il réclame le désir et on lui donne des noms.
Sarah, Hannah, Dora, Eva
Il est perdu dans toutes ces rues
Les noms se confondent
Il aurait voulu son chien
Caresser son chat
Nourrir son oiselet
Le désir est là qui pointe comme vient l’aurore
Sans pourquoi ni raison
Sans motif ni motivation
Il s’est perdu
Le destin de l’un voit la destinée de l’autre
Pointe ici le tragique des corps.
Elle est demi nue sous le manteau
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Elle est gracieuse sous son masque
Elle est volubile sur ses lèvres
Elle dit oui à défaut de dire non
Je serai tout ce que vous désirez
Je suis l’amante et la menthe
J’attire et je pique
Je donne et j’assassine
Je veux la caresse du maître sur la bête
Je veux le souper et le dormir
Je veux la chair pas chère
Veux-tu toujours ?
Il est brave, il est homme
Le brave homme s’enfonce
En tout et partout
Ne prends pas, je te donnerai
Ne vole pas, je te proposerai
Tu seras l’amour
Pour un jour
La chanson de toujours
Le désespoir pour un soir
Tu auras tout pour quelques sous
Mais l’homme est trop saoul
Sa main est trop lourde
Son âme est trop bourde
Et le sang s’éclipse entre ses mains
Il n’a rien voulu
La chair est perdue
Tout est froid et inerte
Et l’homme reprend la rue