Le chapiteau le réclame
Le public l'acclame
En sifflant
Surtout les enfants
Ces chérubins innocents
L'applaudissent fougueusement
L'adorent passionnément
Quelle liesse!
Maître du temps et de l'espace
Le clown apporte les réjouissances
Plein de malice, de ruses et d'audace
Costume merveilleux
Apparat lumineux
Sourire radieux
Faste fabuleux
Gestes somptueux
Mon Dieu
Comme il est beau!
Avec ses tours hilarants
Ses facéties de luron
Son accoutrement de bouffon
Ses ballons et ses fanions
Ses accessoires étonnants
Ses récits abracadabrants
Son spectacle époustouflant
Il fascine petits et grands
Mon Dieu
Comme il est radieux!
En nous faisant rire
Le clown nous fait revivre
Prodiguant tant de bonheur
Chassant lourdeur et noirceur
Invitant humour et bonne humeur
Le rire prolonge la vie
Le rire rajeunit
Le rire embellit
Le rire guérit
Le rire ravit
Quand on rit
La peine disparaît
L'âme s'épanouit
Le cœur sourit
Et la vie reluit
Mon Dieu
Quelle magie!
Le clown nous fait tellement plaisir
En nous faisant sourire et rire
Hélas!
Malgré ses grimaces
Malgré son air débonnaire
Malgré sa drôlerie légendaire
Il est triste à mourir
Et personne ne peut le séduire
L'amuser, le divertir
Et le faire rire
Mon Dieu
Comme c'est douloureux!
Il a du mal à cacher son jeu
Même s'il le cache si bien
Même si personne ne se doute de rien
Malgré le maquillage et l'accoutrement
Malgré la bonhomie et l'amusement
Malgré la magie et l'envoûtement
Mon Dieu
Comme il est malheureux!
Quand les forains s'en vont
Festoyer en se saoulant
Quand on éteint le dernier lampion
La nuit le surprend
Au tournant
Elle l'attend patiemment
Méchamment
Sachant pertinemment
Qu'il mordra à l'hameçon
Et elle prend tout son temps
Et inéluctablement
Il tombe dans son guet-apens
Maintenant
Il lui appartient
Il est sien
Mon Dieu
Comme c'est périlleux!
Seul et malheureux
Dans son miroir déformant
Il voit ses yeux larmoyants
Son maquillage fondant
Son rictus aberrant
Son air troublant
Ses rides et sa sueur
Sa souffrance et sa douleur
Sa déchéance et sa torpeur
Sa vieillesse et sa laideur
Son désespoir et son malheur
Son anxiété et sa peur
Et pleure
Mon Dieu
Comme c'est affligeant!
Il se voit usé, tari, agonisant
Épuisé, meurtri, moribond
Subitement
Il désire ardemment
Traverser le pont
Aller de l'autre côté
De la vie!
Dormir profondément
Et ne plus ouvrir les yeux
Mon Dieu
Comme c'est affreux!
Mais le chapiteau le réclame
Le public l'acclame
Surtout les enfants
Ces chérubins innocents
Qui l'adorent passionnément
Qui l'applaudissent fougueusement
Alors,
Pour eux
Pour eux seulement
Il ouvre ses yeux
Revient à la vie
Et sourit
Mon Dieu
Le cauchemar est fini!
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Agadir, le 2/6/2012
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!