Que la folie m'en prenne; où moi j'en éparpille....
Qu'une utopie m'en prenne autant qu'une lubie,
Je suis déjà fin prête à pouvoir décoller,
Et j'ai déjà sellé mon Cheval Amphibie,
S'il me fallait d'orage, un peu caracoler...
Qu'un grand vent se soulève et m'emporte en otage,
Aveuglée dans nuit d'un secret bien gardé,
Tu sais j'ai le coeur chaud pour y voir davantage;
Empli de ta lumière, où j'aime à m'attarder...
Alors qu'il passe un rêve au lieu de deux chandelles,
Pour tamiser l'ambiance et planter le décor
Où vérifier soudain l'état de mes deux ailes,
Moi tu sais ça m'enchante, et d'un parfait accord.
Et s'il ne passe rien, là dans la Sibérie
De ma chambre un peu vide où tout finit glacé,
Tu sais j'ai dans la tête une verte prairie
Que ton soleil aimant, vient toujours délasser.
Tu vois je ne crains rien quand je borde une absence
Sur l'oreiller fleuri que tu as parfumé,
Et dont tu te moquais tant il sentait l'essence
Trop sucrée d'une fille, à l'esprit embrumé.
Non tu vois je ne crains à présent que moi seule
Lorsque je m'oublie lasse en un sommeil profond,
Qui m'avale à midi comme un amuse-gueule,
Et me digère à l'heure, où moi je m'en morfonds.
Mais tu sais il est tard où la pendule avance
Bien plus que le plus noir des temps pour un dehors,
Quand moi qui la surveille en suivant sa mouvance
Soudain je m'y éveille, et la devance alors.
Tant que j'en pourrais bien sur une envie qui passe
Sauter sans aucun mal au coup d'une occasion
D'en inventer un monde où tu aurais la place;
De toujours au besoin tenter une évasion.
Et puis je pourrais bien y semer quelques graines
Tombées de ma folie un jour de grand Mistral,
Pour qu'il pousse un buisson plus tordu que mes veines
Mais s'en allant toucher, la fleur d'un thème astral.
Et s'il m'en contait tant que cela me dessine
Tout un ciel dans les yeux et tout un tourbillon,
Pour voltiger larguée comme une bécassine
Soudain plus déplumée, que toute Cendrillon.
Tu sais j'en planerais en pilotant la ronde
De tous les papillons qui s'élancent en choeur,
Pour envahir l'espace et fricoter sur l'onde
Me chatouillant le ventre autant qu'une liqueur.
Ô tu sais j'en boirais, et ce jusqu'à la lie,
Pour n'en perdre une goutte en buvant le flacon
Parfumé d'une ivresse où mon corps se délie,
Et m’entraîne à flotter, bien mieux qu'un doux flocon.
Et qu'il m'en pousse alors possible une chimère,
Qui fleurit de printemps mon jardin d'illusions,
Moi j'irais respirer dans sa robe éphémère
Tant de joie qu'Ã t'en faire un bouquet d'effusions...
Mais tu sais qu'il est l'heure où la rosée se perle
Sur la joue délicate et froissée d'une nuit,
Qui se dispute à l'aube à ce jour où déferle
Le bon coeur d'un soleil, qu'on sent même à minuit.
-Harold Budd Down to slopes to the meadow-
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