Ainsi donc, après avoir mobilisé nos hommes les plus robustes, au nombre de
trois mille, nous construisîmes autour du village une fortification
dont les barricades étaient si élevées et si denses qu’une légion
s’y seraient empalée toute entière avant que d’avoir pu tenter de la franchir.
Nous travaillâmes trois semaines durant pendant que nos cavaliers galopaient par
le nord, pour rallier les peuplades du désert, les habitants des villages et les tribus de
l’ouest, tandis qu’au sud se levait progressivement une armée forte de l’engouement
de nos généraux. Les romains, quant à eux avaient envoyé, comme nous le présumions
une manipule sur les lieux du massacre, laquelle avait été écrasée puis brulée
avec la même vigueur que celle avec laquelle nous avions débarrassé
nos sols de l’ennemi par le passé. Un tel emportement eût sans nul doute envoyé
au suicide plusieurs cohortes voire une ou deux légions, si nous n’avions
considéré que l’intelligence romaine, comme nous l’avions
présumé, incapable d’estimer loin de ses frontières notre nombre mais en grand
besoin d’hommes, pour livrer aux combats du nord matière à défaire l’élan
et l’écrasante puissance des germains et des gaulois qui résistaient encore et
encore à la férule rouge, ocre et or de l’impérialisme romain, avait été
tenue de s’enfermer et de renforcer ses bastions au mieux afin de déplacer
ses forces en un point qu’elle jugea opportun puis en sacrifiant son plus grand
nombre pour élever un point de ralliement qu’elle tiendrait ensuite, coûte que coûte dans l’espoir
d’alimenter son appétit et ses désirs inassouvis de puissance et de longévité
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