Modératrice Inscrit le: 28/5/2012 De: BRETAGNE Envois: 38924 |
ELLE Mis à part la table de la salle à manger, entre, cartons superposés, et les meubles non montés, voilà où elle est née. Un chat écorché, ils disent, aussi fragile que la porcelaine, transparente comme du verre, un cri à peine audible, mon dieu, oui, elle vit.
De sa petite enfance seule souvenance, à deux ans déjà emprisonnée, en des murs si hauts, que même le ciel ne peut les pénétrer. Royaume de la charité ou, les seules récompenses, choient, sous le fouet, de la désobéissance. Dortoir et réfectoire alignés dans le trop parfait reflètent l’inexistence. L’inexistence d’une petite enfance…
En caresses, les graviers d’une cour de récréation, en genoux écorchés, une balançoire en amitié avec un vieux châtaignier. Balançoire de survie, de bois et de cordes, la seule à laquelle se rattacher quelques instants dans la journée. Le regard déjà éteint, un sourire qui peine à naître, une petite fille en souffrance, se balance. Balançoire, maman se substitue, ses petits bras enserrent les bras de cordes, à en bleuir, enlacés avec une force intense, en oublie, les frottements blessants en répétition. Un instant de bonheur en son intérieur, le vent tiède caresse sa nuque, lui murmure des mots inventés, ceux que son petit cœur veut entendre, souffle absent d’une voix.
Seule émotion profonde en ce moment de liberté provisoire, où le ciel se fait bleu en ses yeux, où son cœur sourit à l’affection interdite.
Délice de l’instant, à graver jusqu’au lendemain, et ce jour après jour, une anonyme parmi tant d’autres, elle ne sait, ne connaît pas autre chose, que l’atmosphère militaire, sans parfum, d’une petite enfance un peu volée. Elle en sortit à son entrée en maternelle, deux années à profiter de sa petite enfance, à se nourrit d’affection dont elle fut privée.
Puis, une nouvelle prison, beaucoup plus grande pour sa première classe de primaire. (Une autre histoire)…
MCH / 12 AOUT 2012
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 30/10/2005 De: **** Envois: 83516 |
Re: ELLE Royaume de la charité ou, les seules récompenses, choient, sous le fouet, de la désobéissance. Dortoir et réfectoire alignés dans le trop parfait reflètent l’inexistence. L’inexistence d’une petite enfance… horreur, douleur... En caresses, les graviers d’une cour de récréation, en genoux écorchés, une balançoire en amitié avec un vieux châtaignier. pire.. Balançoire, maman se substitue, ses petits bras enserrent les bras de cordes, à en bleuir, ..... ----------------
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