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     Les Libertaires.
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Expéditeur Conversation
claude
Envoyé le :  3/8/2012 0:38
Plume d'or
Inscrit le: 8/8/2009
De:
Envois: 1179
Les Libertaires.
Ils comptent.
Et aussi ils comptent sur nous puisque désormais ils comptent tout.
Mais ils se trompent car sur nous ils devraient commencer Ă  ne plus compter.
Je supprime ce « nous » et je vous dis : sur moi, ils ne doivent plus compter ; je suis sorti de leur système de comptabilité : leurs règles arithmétiques et consuméristes ne me sont plus applicables ; leur PIB sans moi se rétracte comme avec moi , déjà, il se rétractait.
Pour moi, ils ont trop compté et trop m’en ont conté.
Ils ? Les libéraux.

Cela , déjà, il y a longtemps, je le savais.
Je reprends : dans les années soixante-dix , les rues étaient obstruées par son sang ;
toute l’intelligentsia suivait le cortège de Sartre ; je veux dire qu’encore Sartre nous menait dans les rues de Paris, comme par le bout du nez, comme , déjà, il le faisait vivant.
Encore, je recommence : comme il ME menait par le bout du nez. Vous, oĂą Ă©tiez-vous ?
Quand même pas à Assas, n’est-ce pas ? Sans doute, vous aussi, vous cherchiez une entrée, je veux dire , une sortie vers la vie. J’avais trouvé l’existentialisme et son « principe responsabilité » avant Hans Jonas. Je veux dire que Sartre me l’avait enseigné.
Et dans ces rues de Paris où j’assistais à l’infini déroulé du cortège de ses obsèques,
il me revenait à la mémoire les affres de Mathieu, cet existentialiste en herbe qui de « La Mort Dans l’âme » au « Sursis » forgea mon cerveau d’adolescent. Comment pouvait-on s’opposer à cette philosophie de l’être, pourvoyeuse à la fois de transcendance et d’ humanité, fut-elle, parfois, minimaliste ?
Comment , me disais-je à cette époque, et encore aujourd’hui cette évidence est mienne, préférer les lourdeurs doctrinales des extrêmes, à cette philosophie de la presque liberté de l’être ?
Puis donc Sartre mort, ceux-là dont je vous parle , furent livrés à eux-mêmes :ils arpentaient encore les rues de Paris, mais souvent ils divaguaient vers Bouvines :
« Ce soir, il pleuvra sur Bouvines »
et presque , en écrivant ces mots, comme des larmes me viennent et des quartiers de Paris aussi : Porte d’Orléans, Raspail, Montparnasse, vous imaginez !
Ma jeunesse se
déroula sur le Mont Parnasse ! Et vous ? La vôtre ?
Je n’étais pas vraiment orphelin car… car nous nous acheminions vers les années quatre-vingt, Lorsque nous nous mîmes à couler, en foule, Place de la Bastille, non plus ,pour un enterrement cette fois-ci mais pour une trahison : nous, moi, j’avais appris le socialisme dans les livres hors desquels, peut-être, jamais il n’aurait dû sortir ! J’étais en train d’apprendre l’historisation de la trahison.
Aujourd’hui encore, ces concepts me précèdent et l’illusion politique n’y peut plus rien. Sauf…
Sauf.
Donc dans ces années quatre-vingt, dans l’air , hors l’Etat, des pensées libertaires, vieilles déjà mais ré-actualisées par tant de faux-semblants, lentement remplaçait les pavés disjoints
de Saint-Michel : le monde redevenait préhensible, possible .Une librairie libertaire devenait plus attractive que Flammarion, et même, oui, vraiment oui, que Gallimard.
Avez-vous lu Kropotkine, ce chef d’œuvre de la littérature russe ? Ce libertaire qui me disait qu’avec un peu d’éducation et de compatissants sentiments, le monde pourrait redevenir plausible. Alors , j’étais si jeune , et si enthousiaste, qu’il me paraissait luire
à nouveau, possiblement, ce soleil de l’humanité.
Depuis, j’ai suivi, même si cela fut mal fait, les « préceptes » de Mathieu ( Si les femmes que j’ai aimées avait pu savoir combien je cherchais ce que Mathieu aurait fait à ma place, m’auraient-elles pris pour un illuminé ? ), et cherché à l’image de Kropotkine, à apprendre, encore, toujours, aujourd’hui encore. Je peux dire que ces pistes suivies furent de bons conseils, même si difficiles souvent : aujourd’hui, quand même, et sans eux, que serais-je devenu ? Un homme sans doute, mais debout, je n’en suis pas sûr.
La preuve….
Un jour, sur Carbone 14, j’ai entendu qu’enfin la traduction du « Finnegans Weak » de Joyce venait de paraître !!! Oui, vous avez bien lu : LA TRADUCTION EN FRANCAIS DE « FINNEGANS WEAK » ! Le lendemain, dans un coin de la FNAC, je dévorais le livre ; non, c’est lui qui me dévorait. Je n’y comprenais rien ! C’était MAGNIFIQUE et en feuilletant, ces derniers mots, sur la dernière page, ces mots dont toujours je me souviendrais :
« Le calme revient sur les champs repliés . Tranquilles mercis. Adieu. ».
Ce sont les derniers mots du livre : ce sont aussi ceux du début de la traduction. Le monde était rebouclé sur lui-même ; j’étais VIVANT. Moi, VIVANT !
Je ne suis pas anarchiste ; mais j’ai tort et les libertaires ont raison.
Encore ? Je vous le prouve.
Tout le chapiteau bruit dans l’attente : il fait froid et l’automne sévit mais quand même la vie est belle car pour la première fois je vais voir Ferré en concert. Sa voix, sa voix ! Si la toile du chapiteau ainsi ondule, ce n’est pas le vent, c’est sa voix : c’est plein, c’est rond , c’est complet, c’est emportant et signifiant à jamais.
Encore ?
Je ne suis pas anarchiste ; mais j’ai tort car les libertaires ont raison.
Car ils sont humains et ne comptent pas, ni sur moi, ni sur vous ; eux , font les choses et les disent. ET parfois, mĂŞme, ils en meurent.

Dans les lieux communs de nos jours sans grâce, il y a ce « nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas », et ce souvent au sujet du troisième Reich : ce qui est vrai mais bien sélectif et bien réduit quand même.
Aussi nous avons été prévenu des méfaits probables de ceux que l’on qualifie de libéraux et qui ne sont que des comptables : serait-ce à dire qu’une formation littéraire plus poussée aurait pu leur ouvrir les yeux . Donc nous savions qu’ils allaient compter
sur nous pour compter des richesses, matérielles bien sûr car comment décompter des âmes ou des sensations, ou des bonheurs. Mais nous n’avons rien fait, rien dit.
Ici, je ne peux écrire « je » : je ne suis plus de vos erreurs depuis … déjà ; je vous ai dit
N’être pas libertaire, mais quand même leurs leçons me furent utiles.
Il s’en trouvera toujours un, un comptable je veux dire, pour récriminer que peut-être, que quand même : mais jamais il ne pourra aligner dans sa comptabilité plus d’humanité que ne le firent les libertaires.
Celui qui a raison, n’est pas celui à qui l’Histoire donne raison, mais celui qui se comporte avec humanité ; et cela tant que nous serons des êtres humains.
J’aurais aimé pouvoir vous dire que tout au long de ma vie, avec clairvoyance, j’ai toujours su que les autres commettaient des erreurs , et moi pas ; mais, évidemment, je ne peux vous dire cela.
La seule vérité que je sache, applicable de siècle en siècle, dans toutes les couches sociales, est qu’une pensée qui privilégie l’humain est une pensée juste ; je ne dis pas qu’elle est vraie,
mais juste, oui.
Eux, les comptables, veulent des comptes vrais ; ils feraient mieux de faire des comptes justes. Pour tout le monde.
Je ne suis pas anarchiste ; mais j’ai tort et les libertaires ont raison.
Honore
Envoyé le :  4/8/2012 10:58
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Les Libertaires.
Même lieux douze ans plus tôt j'ai vécu tous les prémisses qui t'ont mené à cette analyse que je ferais mienne car j'ai abouti au même résultat .
HONORE
freedom
Envoyé le :  13/8/2012 16:09
Plume de soie
Inscrit le: 1/6/2012
De:
Envois: 61
Re: Les Libertaires.
Quel plaisir de te lire..... camarade.

Tu vas avoir ici l' avis d' un vieux soixante-huitard pour qui le temps s' est arrêté cette année-là et qui n' est pas devenu comme ses compagnons de l' époque.... Cohn-Bendit.... Serge July..... Geismar..... Alain Gomez..... Sauvageot..... et tant d' autres, un " Chantre du Libéralisme ".

Il est interdit d' interdire...... combien de fois ai-je pu inscrire ce slogan sur les murs de ma ville, de Caen où j' étais militant et membre des structures de à la C.G.T. mon organisation syndicale qui n' apprécia pas du tout ces slogans qualifiés de " GAUCHISTES "....... slogans auquel j' ai adhéré pleinement du plus profond de mes 23 ans...... Jouissez sans entraves...... élections pièges à cons..... il est 20 h, la police vous parle...... et j' en passe.......
Le parti politique de l' époque auquel j' étais adhérent..... le P C...... un parti d' ordre et de discipline, n' apprécia pas non plus les cris de révoltes de toute une jeunesse.

Je regrette de ne pas avoir habité Paris car je pense que j' aurais passé beaucoup de temps " à la Sorbonne " d' où partaient tous ces slogans qualifiés de " subversifs " par le pouvoir gaulliste.

J' ai vécu pleinement toutes ces transformations, non seulement socio-économiques, mais surtout sociologiques, j' ai vécu " intensément " le power-flower et l' esprit West-Coast, j' ai eu en Normandie un groupe d' amies et d' amis et nous eu nous aussi notre " Maison Bleue accrochée à la colline " dans laquelle je vis toujours, hormis que cette maison bleue est aujourd' hui dans ma tête, dans ce passé que je revis constamment en moi.

Je suis resté " marxiste " en ce qui concerne l' analyse des méfaits du système capitaliste, appelé " élégamment " aujourd' hui, afin de ne pas effrayer le prolo..... le libéralisme, le marché, etc..... mais c' est toujours ce même cancer qui nous ronge.
Par contre, depuis belle lurette, je ne suis plus Léniniste et le centralisme démocratique est ce que je rejette par dessus tout pour ce qu' il a de néfaste pour la démocratie.

Aujourd' hui je me situe en tant " qu' Anarchiste Non Fédéré " lecteur de Georges Sorel, de Kropotkine dont tu parles dans ton texte et sans oublier le précurseur de la réflexion sur l' anarchisme..... Proudhon.

Les gens ont voté " à gauche " aux dernières élections, c' est-à-dire qu' ils ont installé aux commandes de l' Etat ceux qui se réclament du...... réformisme..... de la Social-Démocratie..... au grand jour, alors que les textes fondateurs du PS disaient bien que c' était un parti révolutionnaire.

Les électeurs n' ont pas compris que François Hollande n' était pas le Che Guevarra du Limousin,
ils ont choisi la social-démocratie et dans leurs esprit..... ils ont refait la Commune de Paris...... qu' ils se méfient donc, il y a sûrement un monsieur Thiers caché quelque part et prêt à jouer de la matraque.

Oui, je suis Libertaire, " Anar " comme ils disent...... un affreux terroriste poseur de bombes, un adepte de la violence...... et oui, c' est ce que pensent toutes celles et ceux qui n' ont jamais étudié l' Anarchisme et qui raisonnent par..... ouï dire !!!!!

Ah, ce fut un plaisir réel que de pouvoir dialoguer avec toi au sein de cette mini-tribune que je ne m' attendais pas à trouver ici.

Au plaisir de te lire à nouveau sur ces thèmes que beaucoup ne partagerons pas avec nous.

Jean-Claude Fissoun........ alias Freedom

lara
Envoyé le :  20/8/2012 12:58
Plume d'argent
Inscrit le: 16/7/2012
De:
Envois: 306
Re: Les Libertaires.
cher Claude .
je ne discuterai pas du sens ...moi pas tout comprendre !
mais te dirai (bon sens !)que tu Ă©cris divinement bien !
quel esprit bouillonnant ! quelle plume alerte !
j'en connais qui se sont bien trouvés .....
merci pour cette lecture remarquable
pierwatteble
Envoyé le :  23/8/2012 11:47
Plume de platine
Inscrit le: 3/11/2007
De: 73410 LA BIOLLE
Envois: 2041
Re: Les Libertaires.

Une belle analyse pour qui rejoint votre vérité. Finalement, c'est le temps qui se révèle comme le meilleur censeur: il commande donc un certain recul pour admettre l'évolution positive d'une société à un moment donné; certains êtres sont au rendez-vous de l'histoire et deviennent des référents.
Généralement, il semble qu'il soit prudent d'avoir tort avec tous les autres à certaines périodes de l'histoire ce qui n'est pas trés moral, soit; l'intérêt collectif immédiat préservant la société de désordres spectaculaires, voire destructeurs; pour autant sans l'instigation des pensées progressistes et leur dessein révolutionnaire, aucun progrés n'aurait lieu.


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