vagabond. (poème de jeunesse)
Petit homme, que fais-tu si tard dans ces rues,
Errant sur ce trottoir, sous la pluie, où vas-tu?
Tu n'as plus ni foyer, ni mère, ni amour,
Et tu n'as d'amitié, qu'un chien et son coeur lourd.
Tu n'as plus sous tes pieds que l'ombre d'une terre,
Nature de fumée, de bruit et de poussière,
Où la douce mélancolie d'un arbre dépouillé
N'attire plus l'attention des passants trop pressés.
Tous les toits ruisselants pleurent dans le silence,
alors, tristement, se poursuit ta longue errance.
Où es-tu, petit homme, si près de tous ces gens,
Si loin de tout amour, si loin d'un coeur d'enfant?
Mornes sont les rues, grise est la ville, seule.
Lourds sont tes pas, vague est ton âme, seule.
Alors, t'agenouillant, tu t'adresses au coeur d'un chien,
Les yeux pleins de tendresse, ses pattes aux creux des mains.
La douceur d'un foyer envahit parfois ton coeur,
Et tu voudrais, le soir, retrouver cette chaleur.
Tu as froid, tu trembles et ne portes que haillons
et c'est en désesperence que tu es un vagabond.
Petit homme abandonné, quand tu songe à ta vallée
du bout de ta destinée fleurie et verte de pensées,
N'as-tu pas peur, au bout des rues de la déchirure,
Dans cette ville où craquelle l'immonde torture
Du pavé meurtri par d'interminables pluie,
Que ne t'emprisonnent à vie, les herses de l'ennuie?
25.02.1970
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