Les années poussées par les saisons meurent si vite
Ayant passé ses instants en espoir si peu probable
L’homme n’a pas eu le temps d’avoir ce qu’il mérite
Il a cru à la bonne étoile d’un lendemain agréable

Roulé tel un galet le long du ruisseau sur le sable
Qui ne trouve ni creux où se fixer ni point stable
Réduit en une triste épave sous la mousse étouffée
Et par le courant entrainée en un long voyage forcé

Déçu d’avoir misé ses penchants dans l’imprenable
Tente vainement de se réhabiliter en une voie fiable
Se refugie dans ses doléances cela ne devait suffire
La vie entière n’a rien de soutien évident à lui offrir

La longue attente a consumé tout son précieux temps
Dans la recherche du bonheur et des beaux moments
Naguère soutenu par sa jeunesse sa santé et sa fortune
Le tout consommé à large usure l’ayant mené à la ruine

Au royaume de la vieillesse acculé certain désormais
D’être vers la fin poussé car de jour en jour plus érodé
Les souvenirs effacés la vue troublée le corps épuisé
Le chemin est si loin du début mais de la fin très près

Enfin aujourd’hui las il voudrait dévoiler un secret
Sur ce que qu’il n’a jamais durant sa vie osé le dire
Par crainte qu’après lui il ne serait à jamais révélé
Ainsi est son désir pour éviter tout regret à encourir

Objet cher précieusement depuis si longtemps gardé
Mais que sa timidité l’avait gêné à ce jour d’aborder
A la nuit avant son sommeil la conscience éveillée
Jura de le révéler à la première personne rencontrée

Au matin proches amis voisins et le curée assemblés
Pour accompagner à sa dernière demeure notre muet
Que les anges de nuit ont subtilement de l’âme séparé
Loin de l’âme et du corps qu’adviendra-il de son secret

il l'emportera avec lui à jamais maintenant ce secret