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     TRANCHES DE VIE A BALAGUIER 5
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  25/5/2012 7:56
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3489
TRANCHES DE VIE A BALAGUIER 5
TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - Souvenirs 1950 -


PROMENADE EN CANOE

Je l’avais repéré dans la remise, le beau canoë canadien, caché derrière les araires, les charretons et le tracteur. Monsieur Kernat en était fier, et avec quelques raisons : il entretenait avec amour ce bijou verni tout en acajou sorti tout droit de la saga de Davy Crockett.
Alors, à force de complimenter, de cajoler et de baratiner avec l’insistance bien connue des gosses, ce fut promis : avec les Parents d’accord, on irait, on irait faire un tour sur la rade.
Est-t-il besoin de préciser qu’à sept ans, l’art de la navigation à la pagaie m’était totalement étranger, seulement entrevu dans les magazines illustrés.
Et un jour de fin juin, nous voilà partis matin, trois mioches et le Père Kernat, à pousser le bateau sur son berceau à roues de bicyclette dans les allées du jardin maraîcher. Droit sur le haut mur de clôture caché par un cannier fourni : même pas vu qu’il y avait là une poterne qu’on ouvre d’une grosse clé dans la serrure grinçante; çà ne devait pas être souvent. On a traversé la Corniche et glissé l’attelage à l’eau. On a embarqué deux sacs, enfilé les brassières de liège, si malcommodes, mais qu’importe, hisse à bord : chef à l’arrière, le grand devant, les pitchouns au milieu !
Le naute nous confie les pagaies et déhale de l’estran, et les trois devant, les arpètes du largue, se mesurent à la manœuvre. Le baptême est laborieux, notre équilibre précaire, le cap est fluctuant, façon zigzag, quels maladroits ! En plus on se dispute ! Le Capitaine tonne ses ordres en s’étouffant de rire… Et puis tout s’ordonne et le clapot devient chanson. Le roi n’est pas mon cousin !
Le rivage est maintenant à quelques encablures, nous sommes sur les parcs à moules avec leurs cabanes tanquées et la forêt de cordes lourdes sur les charpentes. Je découvre avec bonheur Balaguier vu de la mer : l’Eguillette, la campagne Demandolx, les pontons du Père Louis, les cales avec les bateaux en construction, les radoubs et la Tour. A l’est, le soleil fait mal aux yeux ; il faut les mains en visière pour voir la digue de la rade et les hangars des hydravions de Saint-Mandrier.
On croise un pointu qui rentre de la pêche : Salut ! Salut ! Puis on vire au sud pour passer la Tour, prés d’un grand coffre d’amarrage rouillé.
Impressionnante, la Tour, vaubanesque! On imagine la canonnade visant les intrus. Nos bras sont gourds ; on suit la Corniche jusqu’au petit port du Manteau : Escale, repos et casse-croûte.
Le canoë est tiré au sec, nous nous posons sous les palmiers sur de vieilles barcasses retournées. Face à nous, la presqu’île de Saint-Mandrier, le quai du Lazaret, terminal pétrolier de la Flotte. Un énorme navire ravitailleur est couché là sur le flanc.
Vers Tamaris tout prés de nous, une autre épave émerge prés des parcs conchylicoles. Peu après, la corniche sera fermée. Ce bateau était rempli de mines en parfait état! Il y eut gros boulot pour les démineurs ! Allons, pain blanc,
saucisson, pâté et eau fraîche. Derrière nous c’est le petit port du Manteau et l’extraordinaire domaine Michel Pacha, ses jardins exotiques émaillant la pinède, les villas mauresques et autres turqueries, témoins marquant le délire amoureux de « l’homme des phares »
On revient vers Balaguier, il fait bien chaud. Qu’importe la fatigue, l’équipage s’applique, se régale à pagayer synchrone… On a fait environ deux miles nautiques aller-retour.
Quelle expédition ! Ce n’est pas tout car il faut remonter le canoë à la remise et le rincer à l’eau douce, qu’il soit nickel. Pour aller, ça descendait, mais au retour, devine : eh bien ça monte ! On est rétamés, sur les rotules, mais tellement contents. Je ne sais pas si ce jour-là j’ai beaucoup contribué à faire avancer l’esquif, ce que je sais, c’est que j’avais les yeux pleins d’étoiles, que si je ne saurai jamais ce qu’est le mal de mer, ce jour-là, j’avais attrapé l’amour de la mer. Ah le terrible Père Kernat ! Sous un abord bourru, il cachait bien son jeu : Il avait un cœur d’or.

Texte protégé par copyright
sudiste1
Envoyé le :  25/5/2012 9:11
Plume de platine
Inscrit le: 10/3/2011
De:
Envois: 5194
Re: TRANCHES DE VIE A BALAGUIER 5
Quel beau souvenir raconté talentueusement! Moi aussi j'aime la mer
Mes amitiés
crisroche
Envoyé le :  31/5/2012 17:30
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: RĂ©sistance
Envois: 13522
Re: TRANCHES DE VIE A BALAGUIER 5


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Parceval
Envoyé le :  7/7/2012 13:03
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3489
Re: TRANCHES DE VIE A BALAGUIER 5
Merci de partager cette promenade salée dans la nuit du temps des souvenirs

Amicalement

Parceval
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