Gaëlle est son épouse, la mer est sa maitresse.


[les nouvelles, en principe, sont écrites en prose
mais il faut bien un jour innover quelquechose!]




Le ciel était tout noir et le vent et la mer
Perdaient le chalutier tapé par le travers.
Plus de cap à tenir à chaque déferlante
Le bateau s’écartait de sa course vaillante
Et Pierre ne pouvait plus s’orienter vers le port
Neptune déchainé se montrait le plus fort.
Yan Letroadec, Yves Legrand-Pichon
Ayant couru les mers sur de multiples ponts
Dirent à Pierre il vous faut saluer la tempête
Allez lui rendre hommage ne lui tenez pas tête 10

Prenez le lit du vent mettez en avant toute
Sauvez votre bateau en perdant votre route.
On entendit hurler les hélices hors de l’eau
On entendit craquer la coque du bateau
Mais montant descendant sur la fureur d’Eole
La route s’infléchit et devint bien moins folle.
Ils s’éloignaient du port mais la mer se calmait.
Puis ils reprirent le cap que leur carte donnait.
Pierre allait se marier demain avec Gaëlle
Il était son amour et elle était sa belle 20

Il avait prié Dieu au sein de la tourmente
Elle Le pria aussi pour une mer clémente.
Gaëlle le sentait bien Pierre avait une épouse
Mais de la mer jamais elle ne serait jalouse.
Le mariage fut fait et Gaëlle la pure
À Pierre abandonna son intime parure
S’aimant depuis longtemps ils se voulaient si fort
Qu’ils eurent des tempêtes au plus creux de leurs corps
Et que les yeux trempés de ce nouveau bonheur
Pierre, de joie enflamma le désir de son cœur. 30

Devant une fenêtre en leurs bras enlacés
Ils regardaient la mer et les bateaux bercés
Le vent était petit et la marée montait
Sur la plage un enfant au cerf volant courait
Gaëlle dans le cou de Pierre son cher trésor
Lui dit mon tendre amour qui aimes-tu plus fort
Est-ce moi ton épouse ou bien est-ce la mer ?
En Bretagne mon amour la mer peut être enfer
Mais elle est paradis nourrissant les pécheurs
Toi qui est mon désir ma vie et mon bonheur 40

Prie quand le temps est gros, que le flot est effroi,
Pour que jamais la mer ne me veuille plus que toi.
Nous connûmes Gaëlle en étant en vacances,
Nous allions en Bretagne pour notre renaissance
Et quelque soit le temps en nous protégeant bien
Nous avions de soleil ou de vent quotidien
Adossés au rocher sur la côte sauvage
Nous regardions Éole promener ses nuages,
Ses moutons cotonneux broutaient un peu d’azur
Mais au lointain le ciel n’était plus aussi pur. 50

Les vagues de Neptune somnolentes, passives,
Mourraient dans la douceur en atteignant la rive
En frappant quelquefois un rocher dépassant
D’un coup sec dont le bruit allait diminuant
Sur la plage, plus loin les lames atténuées
Ornaient le sable chaud de caresses mouillées
Amusant les bambins dont les pelles actives
Tentaient de repousser les vagues les plus vives.
Jupiter s’en mêla et il dressa le poing
On l’entendit gronder, l’orage n’était pas loin, 60


Il brandit ses éclairs et d’un seul coup tonna
Le ciel devint tout noir, Éole se fâcha.
Neptune réveillé, en fracassant ses ondes
Sur les rochers du bord, rythmait chaque seconde,
L’écume furieuse telle une dame blanche
Dissimulait le flot qui sous elle s’épanche.
La plage était déserte, des rouleaux monstrueux
Recouvraient tout le sable par à-coups furieux
Et sur les blocs rocheux que frôlait la nuée
Le nom « côte sauvage »était bien méritée. 70


Neptune dans sa puissance perdait sa retenue
Le ciel de la mer ne se distinguait plus
Et des creux prodigieux qui torturaient les flots
Auraient pu menacer les plus puissants cargos.
Nous crûmes par les rocs nous tenir à l’abri
Mais malgré les cirés la pluie nous a transis,
La puissante beauté, la nature furieuse
Dispersait l’océan en pluie insidieuse.
Nous nous trouvâmes trempés et quittant le spectacle
Nous laissâmes la nature terminer son miracle, 80

En entrant au café dont le granit dur
Pour s’abriter d’Éole avait monté un mur.
Du cidre fut servi ce breuvage local,
Nous le trouvâmes goûteux, il était idéal,
Et servi par Gaëlle, image de bonheur
Le visage épanoui avec des yeux rieurs
Elle suivit nos regards, voulut nous expliquer
Mon Pierre est un marin il est partit pêcher
Il vient de m’appeler il y a un quart d’heure
Il est rentré au port juste avant cette horreur. 90

Nous gorgeant les poumons de la brise iodée
Le calme revenu, nous avons respiré,
Etonnés des pouvoirs de madame Nature
Imposant, quand elle veut, totale dictature.
Admirant de Gaëlle la passion ardente
Luttant contre la mer : sa seule concurrente.

Olucinep VII 05 MMXII

bonjour olucinep, un conte très réaliste et partagé avec talent, des prenoms et des images qui fleurent bon la bretagne, ses personnes et ses émotions, j'aime beaucoup ce poème,



yann

une déferlante qui ne m'a nullement impressionné, la gravir en te lisant pour moi fille de la mer ne m'a laissé aucune trace d'un quelconque "mâle" de mer...... c'est une des caractéristique de ce métier être abandonné tous les jours pour de" vagues" très bonnes raisons ....
Mes amitiés
pampille