Pardonnez-moi, si je pose quelques gouttes de sang sur ce déluge de clochettes blanches qui font oublier les luttes internationales du Premier Mai !
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L’indignation m’étreint car la foule futile
A fait du Premier Mai unique et prestigieux,
La fête du muguet, prétexte mercantile,
Qui jette dans l’oubli nos illustres aïeux.
Martyrs de Chicago, de Fourmies et d’ailleurs,
Dont le sang a rougi les pavés de l’histoire
Des humbles, des sans-nom, de tous les travailleurs,
Vous avez remporté de bien rudes victoires !
Qui se souvient de vous parmi la multitude ?
Qui connaît vos tourments, vos actes audacieux,
Vos luttes acharnées contre la servitude
Et pour la dignité de l’homme laborieux ?
Les sombres défilés où grondait la fureur
De millions d’exploités par la haute finance,
Jadis faisaient trembler les nantis de terreur,
Aujourd’hui les exclus se terrent en silence !
Le passé fout le camp, que dire du présent ?
Nous perdons un à un les fruits de nos conquêtes,
Le riche s’enrichit, la pauvreté s’étend,
Au banquet du social, nous n’avons que les miettes !
Combien ils étaient beaux les Premiers Mai d’antan,
Quand la fraternité éclairait les visages,
Que plus d’égalité les poussait en avant
Et que la liberté chantait sur leur passage !
(1er Mai 2010)
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L'harmonie d'un monde sans autorité et sans haine et l'harmonie poétique sont les deux formes de la Beauté.
Maurice Laisant (prix de poésie Charles Baudelaire 1967 pour son recueil Flammes)