C’était jour de marché
Dans la petite ville
Sortant d’un magasin
J’aperçu une jeune fille
Celle-ci contemplait la vitrine d’à côté
Où vieilles photographies et miroirs se côtoyaient
Sa taille était si fine
On aurait dit un fil
Elle avait des gestes élégants et graciles
Elle portait un tailleur
Aussi vert que ses yeux
Ses cheveux flamboyants
Tombant sur ses épaules
Faisaient un contraste harmonieux
Ses pieds étaient chaussés
D’escarpins noirs vernis
Perchés sur des talons
D’une hauteur infinie
Voulant la voir de près
J’avançais doucement
Regardant la vitrine
Du moins faisant semblant
A ce moment précis
Elle toucha ses cheveux
Remettant à sa place
Une mèche rebelle
Je chuchotais en moi
« Mon dieu comme tu est belle »
Puis elle tourna la tête
Et m’aperçu enfin
Elle me fit un sourire
Et me dit  »j’adore les vieilles photographies »
Elle tourna les talons
Partit en trottinant
Sans doute allait t’elle
Retrouver un amant
Alors je voulus esquisser
Le même geste qu’elle
Remettant à sa place
Cette mèche rebelle
Qui depuis quelques jours
Me donnait du souci
La fille était partie
Et la magie aussi
Et je compris pourquoi
Mon regard fut attiré par elle
Elle était mon reflet
D’il y a plus de trente années
Mais le temps assassin
Avait détruit l’image
De cette jeune fille
Belle à damner un saint
A défaut d’être jeune
J’étais devenue sage
La vie m’avait appris
Tout ce qu’elle ne savait pas
Alors, je me suis sourie
Arrangea mon corsage
Et partit en trottinant
Mon cabas sous le bras
Terminer mon marché.
Que celui ou celle qui n’a jamais regretté sa jeunesse me jette la première pierre (je ne crois pas que je serai lapidée).
----------------
On a tous le sang de la même couleur