Naufragé dans une mer agitée nommée la nostalgie
Mère des maux et des désunions des cœurs meurtris
Déraciné et loin de mon pays agrippé à une brindille
Je n’ai cessé de me débattre pour assurer ma survie
Racines profondément cultivées dans nos mémoires
Labours assidus entretenus ensemencés d’espoirs
Eléments de relais et d’attache dans l’infini des temps
Origine de fierté acquise usage du passé et du présent
Ma lignée pure fontaine abreuvoir de mes ascendants
Je maudis ce jour où j’avais mis pied sur ce paquebot
Et cette interminable nuit où je l’ai quitté en sanglots
Un affreux cauchemar s’est emparé de tout mon esprit
Je ne savais si j’étais parmi les morts ou sur terre en vie
A la passerelle vertigineuse aussi haute qu’une montagne
Chaque pas posé me rapprochait d’avantage du bagne
Pour subir la sentence du péché que je n’ai pas commis
Poussé dans le vent qui m’emportera loin de ma patrie
Vers je ne sais quel endroit de ce lendemain secret dépit
Au moment du départ la tristesse couvrait nos visages
Pleurs et nostalgie chagrinaient les cœurs d’avantage
Du large les contours brillants de la terre se dérobaient
Seul le long sillon blanc laissé derrière le bateau trainait
Adieu amour abandonné adieu terre d’attache tant rêvée
Mon cœur à moi te sera toujours très fidèlement rattaché
A travers les eaux bleues de notre si belle méditerranée
Sur cette arche qui voguait sereinement sur les eaux
Que de tristes cœurs et que d’yeux fatiguées larmes en flots
Ames meurtries et troublées par ces malheurs de la vie
Hommes et femmes fillettes et garçons sur le bois assis
Lendemain incertain rempli de rumeurs et de mépris
Pour détourner l’inquiétude je regardais du haut du pont
Le spectacle des majestueuses vagues venant de front
A la traversée des centaines de miles en jours et nuits
L’infatigable bateau à la limite du trajet tant de fois repris
Guidé à l’arrivée par les faisceaux des phares tout hauts
Et les lumières de la ville qui se dessinaient sur les eaux
Accostait enfin au port oĂą la passerelle illico rabattue
Au milieu de la foule j’ai été inhalé jusqu’à l’étroite sortie
Débarquement emmêlant et houleux pris fin après minuit
En ce moment dépaysé, seul, par la fatigue tout abasourdi
Ne trouvant refuge, le ventre creux assis sur le grand quai
Où personne ne m’attendait seul ne sachant par où aller
Attristé de chaudes larmes sur mes joues coulaient
Non loin j’entendais les vagues contre le mur claquer
Et la silhouette du bateau dans la pénombre balançait
Le grincement des attaches ajoutait effrois à mes pensées
Moments lourds et insupportables que je n’oublierais jamais
Loin de ma maison de ma terre de mes origines
Où mon corps mon ceour et mon esprit s’enracinent
Loin de mes proches de mes amis et de ma ville
Le regret creuse profondément mon cœur fragile
Privé de la chaleur tissée des doux rayons du soleil
Des belles plages des beaux rivages et ses merveilles
Du mélange des couleurs des horizons ensorcelants
Des chemins des vallées vers les montagnes menant
Des vastes prairies et des grands Ă©tendus verdoyants
De nos coutumes nos meurs nos fĂŞtes et nos traditions
Dans la joie et la vive foi pratiquée à la ronde des saisons
Mon beau pays terre d’abondance et de jardins fertiles
Je t’ai quitté mais je te pleure de loin comme un débile
Dans mon sommeil agité les souvenirs m’agressent
Creusent dans ma mémoire pour étaler tout mon passé
Les vents de la haute colline m’appellent en liesse
Me ramenant sans cesse au séjour de ma jeunesse
Je le jure et prend ce grand jour à témoin que pour toi
Je chanterai ma nostalgie à l’extension de ma voix
Je reviendrai bien un jour vivant ou en cercueil scellé
Et ce jour là si fête il sera fêté et si deuil il sera pleuré
- Bari-