Les Dessous de la préciosité


Au siècle où les Vénus sur la carte du tendre
Se délectaient d’amour platonique et abstrait
Nul désir évident ne leur apparaissait
Et leur vertu n’était même pas à défendre

Vous me brûlez madame et mon cœur n’est que cendre
Leur disaient leurs amants et en vous tout me plait
Ils embrassaient trop chastes chaque jour leur portrait
En taisant les tourments que le désir engendre.

Pourtant lisant un livre de commerce interdit
Des précieuses troublées par le perfide écrit
Auraient, dit la rumeur, distrait leur solitude

D’une façon concrète, confidentiellement,
En laissant aux amants, nocturne latitude
Pour mener leur beau corps à son contentement.


La nuit, les précieuses n’étaient plus platoniques
Cherchant avec l’amant des joies se combinant
Le livre de chevet devenait fort plaisant
S’ouvrant comme par hasard aux jeux anatomiques.

De diverses façons les hommages magiques
Entrainaient maintes fleurs aux bonheurs exigeants
Le chapitre pour dames relançait les galants
S’immolant sur l’autel des douceurs extatiques.

Variant les cadences au gré des positions
Les nuits se consacraient aux satisfactions
Des désirs assouvis des concrètes amours,

Puis dès le lendemain, précieuse chastement
Passait au jeu du tendre avec ses lents détours
Rêvant d’étreintes douces au nocturne impudent.

Olucinep 12 03 2012

Comme c'est délicieusement et savamment dit : un régal !

Si la préciosité a une époque, les concrètes amours n'en ont pas.