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100 vers : une histoire, sans queue ni tête. (érotisme médiéval) Cent vers : une histoire, sans queue ni tête. (érotisme médiéval)
Gontran de Montmirail du Plessis d’Havrecourt Était d’une noblesse exilée de la cour. Lors d’une grande chasse un aïeul imprudent, Que la nature dota d’un fort bel instrument, Avait pris en levrette une vilaine figure Dont l’assez belle fleur justifiait la posture. Sa cousine étant là , de la même laideur, D’identique façon lui donna du bonheur. Les sottes se vantèrent de ce galant régal, Hélas ces « pas belles » étaient de sang royal L’aïeul fut recherché pour être écartelé Mais une caravelle l’avait dissimulé Il alla forniquer au-delà de la mer Là ou aucun coït ne saurait être amer.
Gontran le bien monté, c’était héréditaire, Chercha précocement mille façons de plaire Il alla chez des dames dissiper sa vertu, Celles qui gagnaient leur pain à la sueur de leur cul Et ayant une muse assez observatrice Sur un grand parchemin il notait les délices. Il devint un expert et les professionnelles Parfois le réjouissait sans tendre l’escarcelle. Il publia l’ouvrage qui sévit à la cour, On lisait en secret ses recettes d’amour On aima moins la chasse encore moins la croisade, La noblesse baisait à s’en rendre malade. Les chevaliers vaincus les organes hors d’usage Durent bon gré mal gré quérir l’aide des pages
On tria les meilleurs, les belles endurances, Mais ils finissaient tous par prendre des vacances. On apprit que Gontran, la femme est si bavarde, Avait bien la puissance et une hallebarde Qu’on avait su mythique en lisant ses exploits. Il devint conseiller des usages du roi. Devant leurs majestés il expliquait ses vers Puis leur laissait du temps pour quelques jeux divers. Souvent le roi dormant la reine venait quérir De légers suppléments de rève et de soupirs. Gontran fournissait tout, trente pages de baisers Les uns pour un début d’autres à improviser, Cinquante de techniques manuelles ou buccales Convenant aux fourrures et aux chattes royales
Et trois cents conseillant des étreintes diverses Lentes douceurs pour vierges, orages pour perverses Et improvisations s’adaptant au terrain La stratégie ayant un rôle souverain. Il donnait des exemples émanant de la cour, Les noblesses assouvies lui racontaient le jour Les nuits de leurs amants toutes leurs performances Et leurs répétitions menant à l’impuissance. Parfois la dame étant d’une beauté gourmande Gontran lui inventait une belle sarabande Où variant les postures il retardait la chose Pour assurer la dame de son apothéose Et les donjons souvent résonnaient de grands cris Les dames commentant leurs bonheurs assouvis.
Vint le temps pour les hommes aux croisades d’aller. Gontran ne put faire face aux corps à visiter, Il forma une école de pages qu’il affecta, Après formation, aux endroits délicats. Ils œuvraient livre en main attentifs aux désirs Des dames s’exprimant en poussant des soupirs : La page vingt deux, trente trois, et quarante Soixante deux en plus si la tige et vaillante Si vous pouviez aller jusqu’au quatre vingt trois Nous pourrions dépasser madame sœur du roi. Bref les dames décorées d’ouvrages héraldiques Aurait sur leur blason mérité quelques triques Et l’ont vit des tortils, des couronnes, des devises S’encorner amplement au cours de nuits exquises
Les hommes s’en revinrent, batailles terminées, Honorant faiblement leurs épouses entrainées Qui ressortant le livre désignèrent les pages Dont l’époux aurait du connaitre les usages. Épuisés pantelant les males découvrirent Les réveille-vigueur dont les dames sévirent Puis se virent demander des pratiques bizarres Et de répétitions furent beaucoup mois avares. Ils durent se consacrer aux divers orifices Certaines épouses s’offrant à toutes les malices Et des dames qui jadis œuvraient les yeux fermés Exigèrent soudains de longues oralités. Bref, les époux surpris de ce nouveau savoir Voulut qu’on en trouvât la cause sans surseoir.
On sut tout de Gontran il fut jugé coupable Et bien des chevaliers aux nuits forts agréables, Car bien souvent réjouis des arts de leur épouse, Se doutant que des cornes poussaient sur leur pelouse Voulurent exterminer Gontran le renégat. Il faisait jouir leur femme quand ils n’étaient pas là Et il sophistiquait de telle façon l’étreinte Qu’à vouloir l’imiter le chevalier s’éreinte. Les dames dépitées de coïts partiels Sollicitaient de pages leur plaisir et leur miel. L’époux, bien qu’assurant quotidienne pratique, Devenait, chaque nuit, cocu systématique.
On lui trancha le col, tout en l’émasculant Et c’est sans queue ni tête que décéda Gontran.
Olucinep 04 02 2012
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