Amours mélomanes


Nous sortions du concert allant à la voiture
Bach nous avait charmés, étonnés, éblouis,
Ses accords n’étaient pas sortis de nos esprits
Nous gardions le silence allant à faible allure.

Arrivé au parking je coupai le moteur
Je te pris dans mes bras et d’un baiser léger
Je caressai tes lèvres et sans même parler
Je m’attardai un peu à ces portes du cœur.

Tu ris en me disant cessons, je suis troublée
Rentrons, à la maison je sens bien ton envie
Tu tiens à le savoir je te désire aussi
Et à chaque baiser, ma chaleur est doublée.

Nous rentrons et déjà j’ai ôté ton manteau
Je te tiens dans mes bras et je te déshabille
Mes vêtements aussi, retirés, s’éparpillent
Et je t’embrasse nue à coté du bureau.

Tu t’éloignes un moment et la musique nait,
Écoutant Vivaldi tu reviens dans mes bras
Un largo ciselé de la Stravaganza
Vient charmer nos oreilles de son rythme parfait

Je voulais être doux, tu es audacieuse
J’ignorais Vivaldi autant incitateur
Car je me sens bruler sous l’orale douceur
D’une provocation lente et délicieuse.

Arrête mon amour ! Je me sens égoïste
Il faut que je te rende ce bonheur provoquant
Et sur le canapé, le largo finissant,
De ton corps instrument je deviens le soliste.

De baisers pénétrants en caresses gourmandes
Je consacre à ta fleur la douceur qu’elle mérite
L’allegro résonnant, l’ardeur me précipite
Vers une frénésie dont tu deviens l’offrande.

Quand De Falla résonne de son Amour sorcier
Dans un montage étrange de plages favorites
Tu exiges de moi l’immédiate visite
Et m’incite à venir en toi m’extasier.

Ta mélodie d’amour vient me charmer l’oreille,
Quand la Molinera, sublime soprano,
Commence du Tricorne le joyeux fandango,
Et j’ai le corps brûlant d’une joie sans pareille

À la jota finale, je me sens capturé
Je cède à ton plaisir mon aboutissement
Je vois dans ton regard ton assouvissement
Je reste encore en toi de bonheur torturé.

Tu t’esquives un moment, la reine de la nuit
Du sublime Mozart projette les éclats
Tu reviens en portant un frugal repas
Nue sous ton tablier je suis encore séduit.

Nous mangeons sans excès et, douceur provocante,
Je t’embrasse les seins la bouche pleine de glace
Tu ris en même temps que tu fais la grimace
Retires la vanille ou je serai collante.

Je n’attendais que ça et le jeu délectable
Ravive nos désirs bien loin d’être épuisés
Sur le disque nouveau qui vient d’être posé
Un rythme syncopé nous fait quitter la table.

D’une première étreinte pas encore apaisés
Nos corps sont à nouveau en accord de désir
Le swing de Count Basie se joint à nos soupirs
Le ressac des caresses peut-il être calmé.

Je retire la sueur de ton front éprouvé
Par la vigueur nouvelle que ton charme créa
Au feu de nos désirs l’amour nous consuma
Le saxo vient bercer les amants contentés.

Bercé par Debussy, ses tendres arabesques,
Dans tes bras enlacé et mon corps sur ta peau
Je dors sans te quitter entendant couler l’eau
De Smetana contant son fleuve romanesque.

Le réveil assuré d’un canon somptueux
Pachelbel nous ravit et nous tire du lit
Tu m’as fait une blague et j’entends Tartini
Servi avec le thé, du miel et puis des œufs.

Donizetti soudain nous surprend et nous charme
Quelle idée peut donner l’élixir d’amour
Si ce n’est de rester au lit pendant le jour
Et d’aimer tes douceurs à en user mes armes.

Olucinep 15 02 2012

Est-ce une nouvelle façon de mener l'orchestre à... la braguette ?... Toujours est-il qu'il y en a pour tous les goûts !...

Belle inspiration, très amusante et agréable à lire.